Une méta-analyse de grande ampleur, publiée ce jeudi dans la revue Clinical Microbiology and Infection, est formelle: la chloroquine n’a aucune influence sur la mortalité du Covid-19. Pire: associée à l’asithromycine (un antibiotique), elle augmenterait même les risques de décès de 27%.
‘Pour cette méta-analyse, nous avons inclus 29 études publiées (ou prépubliées) dans le monde entier, portant sur environ 30.000 personnes au total, dans trois groupes distincts: plus de 11.000 patients à qui de l’hydroxychloroquine (HCQ) avait été administrée, plus de 8.000 patients qui avaient reçu une combinaison HCQ + asithromycine et quelque 12.000 n’avaient été soumis à aucun des deux traitements (ce qu’on appelle un groupe témoin)’, explique l’épidémiologiste Thibault Fiolet (université Paris-Saclay/INSERM), à la tête de cette étude et dont les propos sont rapportés par Le Soir. ‘Les critères d’inclusion étaient très stricts: les cas de Covid devaient être avérés par PCR, il devait y avoir un groupe contrôle et des données de mortalité. Comme dans toute méta-analyse, nous avons d’abord évalué les biais et écarté les plus critiques (que nous avons intégrés ensuite pour l’analyse de sensibilité).’
En juin dernier, le vaste essai clinique britannique Recovery avait déjà conclu que l’hydroxychloroquine n’avait pas d’effet bénéfique pour les patients atteints par le Covid-19. Peu après, l’OMS avait également cessé d’étudier les effets du médicament antipaludique en traitement contre le nouveau coronavirus faute de résultats probants.
Biais
Le médicament tant vanté par le désormais célèbre docteur Didier Raoult ou encore les présidents Trump et Bolsonaro, entre autres, semblait pourtant avoir montré une certaine efficacité dans plusieurs études. Mais selon Thibault Fiolet, cela était principalement dû au fait que les études en question n’étaient pas randomisées (choix des patients aléatoire et groupe témoin). ‘Les médecins peuvent faire le choix d’administrer l’hydroxychloroquine à certains groupes de patients, ce qui peut biaiser les résultats. C’est l’un des problèmes des études observationnelles et rétrospectives’, conclut-il.
De quoi mettre un terme (définitif ?) à une saga médiatico-médicale entamée peu de temps après le déclenchement de l’épidémie du nouveau coronavirus.
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