L’inquiétante stratégie des Pays-Bas pour lutter contre le coronavirus

Face à la propagation de l’épidémie, les Pays-Bas ont adopté la stratégie de ‘l’immunité collective’. Bien différente de la nôtre, elle pourrait poser problème si nos frontières restent ouvertes.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a déclaré lundi vouloir favoriser le développement d’une ‘immunité collective’ aux Pays-Bas, rapporte l’agence Belga. Un pari très risqué puisqu’il consiste à se confronter au virus, en partant du principe qu’une grande majorité de la population y sera exposée. Il faudrait donc que notre corps ‘s’y habitue’ afin d’éviter un prochain pic dans le futur.

Mark Rutte a ainsi averti dans son discours que la plupart de ses compatriotes seront contaminés par le coronavirus. Et exclut un confinement total de la population au contraire d’autres pays touchés, comme l’Italie, l’Espagne, et maintenant la France.

‘Il n’y a pas de message facile pour vous ce soir (…) La réalité est qu’une grande partie de la population néerlandaise sera infectée par le coronavirus. C’est ce que les experts nous disent’, a déclaré Mark Rutte à la télévision, le ton grave.

Attraper le virus sciemment

Si le gouvernement néerlandais a ordonné dimanche la fermeture de l’ensemble des écoles, bars, restaurants, maisons closes et coffee shops jusqu’au 6 avril (ces derniers ayant été dévalisés par les citoyens), le confinement n’est pas du tout à l’ordre du jour. ‘Dans ce scénario, nous devrions fermer notre pays pendant un an ou même plus, avec toutes les conséquences’ que cela implique, explique Mark Rutte, affirmant que le virus ‘pourrait réapparaître immédiatement si les mesures étaient retirées’. Le gouvernement néerlandais vise une propagation maîtrisée du virus.

Une stratégie qui pourrait être très dangereuse pour la Belgique: atteindre une ‘immunité de groupe’ dans l’attente d’un vaccin, laissant donc les personnes les moins vulnérables attraper le virus tout en protégeant les personnes âgées et les malades. Une stratégie risquée et qui pourrait quand même prendre ‘des mois, voire plus’ selon le Premier ministre.

Danger pour la Belgique

Une stratégie radicalement différente de la nôtre, où les écoles, bars, restaurants, discothèques sont fermés, mais aussi toutes activités récréatives, sportives, culturelles, folkloriques annulées, alors qu’un confinement général est actuellement à l’étude.

Et sans fermeture des frontières internes de l’Union européenne, les citoyens néerlandais (bientôt potentiellement infectés, vu la stratégie de Rutte) pourront librement circuler jusque chez nous… Et donc contaminer une population qui tente encore d’endiguer l’épidémie.

Cette mesure pourrait également mettre à mal l’infrastructure sanitaire des Pays-Bas mais aussi des autres pays membres, saturant les lits d’hôpitaux disponibles, débordant les services de santé… Et provoquant à terme la mort de millions de personnes. Une stratégie vivement critiquée par l’OMS: sa porte-parole a déclaré sur la BBC ‘qu’on peut parler théorie, mais pour l’instant nous sommes dans une situation où il faut agir. Nous n’en savons pas assez sur ce virus, il n’a pas atteint la population depuis assez longtemps pour savoir quels sont ses effets sur le plan immunologique.’

Une critique qui fait suite à l’évocation au Royaume-Uni d’utiliser également cette stratégie, Boris Johnson ayant annoncé aux Britanniques de se préparer à la mort de certains de leurs proches. Avant de faire prudemment marche arrière. Toute comme les Pays-Bas, le Royaume-Uni projette également des statistiques alarmistes sur l’évolution de l’épidémie, ‘justifiant’ cette stratégie risquée de l’immunité collective: des scientifiques britanniques pensent qu’entre 40 et 70% de la population mondiale sera touchée par le virus. Angela Merkel avait elle évoqué le chiffre de 60 à 70% la semaine dernière. Tandis que le ministre de l’Éducation nationale en France donnait les chiffres de 50 à 70%, sur le long terme.

Selon le dernier comptage des autorités, 1.413 cas de contamination par le nouveau coronavirus ont été détectés aux Pays-Bas, dont 24 décès.

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