Les initiés pensent que la chute de Carlos Ghosn a été planifiée par le japonais Nissan parce que Tokyo voulait contrecarrer ses projets de fusion avec Renault.
Au Japon, Carlos Ghosn, président du constructeur automobile japonais Nissan et CEO de Renault, a été placé en détention provisoire. Selon la législation japonaise, cela pourrait durer jusqu’à 23 jours, bien qu’il puisse également être libéré sous caution. Mais selon plusieurs sources japonaises et françaises, il y a bien autre chose derrière cette arrestation, et cela ne concerne pas uniquement l’évasion fiscale reprochée au Brésilien d’origine libanaise.
Ghosn voulait fusionner Nissan et Renault…
Selon le Financial Times, Ghosn, soumis à la pression de Paris, aurait eu l’intention de fusionner Nissan et de Renault, dans le but de consolider le «statut de junior» de Nissan au sein de la combinaison. Cela n’a pas plu aux Japonais qui détiennent 15 % de Renault, tandis que les Français détiennent 40 % de Nissan. En raison de cette répartition inégale, Nissan n’avait pas son mot à dire sur l’opération, malgré le fait que les résultats du constructeur japonais ces dernières années peuvent être qualifiés d’excellents.
… et ce n’était pas au goût des Japonais
Selon le magazine économique français Capital.fr, Nissan a connu une restructuration majeure depuis la nomination de Ghosn en 1999, qui a généré d’excellents résultats malgré les récents scandales de l’industrie automobile japonaise. La contribution de la branche japonaise aux résultats du groupe franco-japonais est donc considérable. En outre, les Japonais en auraient eu assez de voir leur technologie de pointe utilisée en France et de voir certains de ces gains disparaître entre les mains des Français.
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Selon le Japonais Nikkei, à Tokyo « après des années d’acceptation tacite au sein du groupe Nissan, les critiques concernant le salaire de Ghosn se sont multipliées ».
Ghosn, 64 ans, et son directeur, Greg Kelly, auraient pendant des années envoyé de faux rapports financiers à la Bourse de Tokyo, en indiquant moins que ce qu’ils avaient réellement gagné afin de réduire leur revenu réel. M. Ghosn a également bénéficié de plusieurs maisons appartenant à une filiale de Nissan et réparties dans différentes parties du monde, d’une valeur totale de 17,8 millions de dollars. Selon Nissan, c’est un dénonciateur qui aurait révélé la fraude.
La chute de Ghosn était-elle planifiée par Tokyo ?
Mais avec l’annonce des projets de fusion de Ghosn pour Nissan et Renault – qui circulent dans le secteur depuis septembre – le caractère intriguant du moment et de de l’arrestation du dirigeant ne fait que se renforcer. Les chances qu’il y ait d’autres motivations en jeu augmentent de minute en minute. La direction japonaise aurait peut-être prévu de faire tomber Ghosn pour protéger l’indépendance de Nissan dans la perspective des négociations sur la fusion avec Paris.