La dette des pays émergents a atteint un montant historique de 55.000 milliards de dollars

Entre 2010 et 2018, l’endettement des pays émergents n’a jamais été aussi rapide. Cela inquiète la Banque mondiale qui craint une nouvelle crise liée à la dette des Etats.

‘La taille, la rapidité et l’ampleur de la dernière vague de dette devraient nous concerner tous’, estime David Malpass, le président de la Banque mondiale. ‘Clairement, il est temps de corriger la trajectoire’.

Depuis des années, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) mettent en garde sur l’augmentation de la dette mondiale. Particulièrement contre l’endettement des pays pauvres et émergents. Avec quelque 55.000 milliards de dollars d’endettement cumulés fin 2018, soit à 168% de leur PIB, il s’agit d’un record historique.

Endettement privé

Pour l’institution située à Washington, les États doivent mieux maîtriser leur endettement, ils doivent mieux percevoir l’impôt et mettre en place des règles budgétaires plus strictes. La BM exhorte ainsi ‘les décideurs à agir rapidement pour renforcer leurs politiques économiques et les rendre moins vulnérables aux chocs financiers’.

Les auteurs de l’étude publiée ce jeudi 19 décembre constatent également qu’une part de plus en plus importante de cette dette est détenue par des acteurs privés. En fait, les pays pauvres et émergents se détournent des grandes banques internationales, affaiblies par la crise de 2008. Ils leur préfèrent des banques régionales et des marchés de capitaux.

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Endettement étranger

David Malpass et la banque mondiale demandent aussi une ‘plus grande transparence’ de la dette, faisant directement référence aux emprunts cachés accordés par la Chine à de nombreux pays en développement. En fait, les banques chinoises ont été à l’origine des deux tiers des prêts entre pays émergents entre 2013 et 2017, et presque la totalité des prêts en Afrique subsaharienne, note Le Monde.

Plus globalement, les entreprises des pays émergents empruntent de plus en plus à l’étranger, ce qui a été permis grâce aux taux d’intérêt bas comme on en rencontre en Europe et aux Etats-Unis, sans oublier la dérégulation des marchés financiers. Cet endettement à l’étranger fragilise des États comme le Brésil ou l’Afrique du Sud, ‘car à la moindre difficulté, les réserves de change risquent de fondre’, s’inquiète Stephanie Blankenburg, économiste à l’ONU.

Il s’agit de la 4e vague d’endettement depuis les années 70. Et comme les autres, la BM craint qu’elle n’entraîne une crise et une chute de la production.

Mais l’endettement ne se limite certainement pas aux pays pauvres et émergents. Selon les dernières estimations du FMI, la dette mondiale totale, secteur privé et public confondus, atteignait 188.000 milliards de dollars fin 2018, soit l’équivalent de près de 230% de l’économie mondiale.

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