Des fonds britanniques investis dans différents secteurs comme la technologie, la santé, l’énergie renouvelable ou les marchés émergents ont connu une mauvaise année. Mais les cinq années à venir devraient être « saines ».
A première vue, 2021 n’a pas été une année convaincante pour les fonds d’investissement. L’indice Closed-End Investments (qui reprend les performances des différents fonds) a clôturé l’année avec un rendement de 12,8%, moins que les 18,3% de l’indice All-Share, qui reprend les 600 sociétés à la plus importante capitalisation de la bourse de Londres. C’est qu’en 2020, la tendance était inversée : le Closed-End avait fini l’année avec un rendement de 17,8%, soit plus d’un quart de plus que le All-Share. Il s’agissait alors du plus grand écart en 30 ans.
Pourquoi une année moins bonne?
Le média économique MoneyWeek a analysé la situation. La confiance des investisseurs en tout cas est là: la somme record de 12,2 milliards livres de nouveaux capitaux ont été levés pour des fonds existants, et quatre milliards pour 15 nouveaux fonds. Les actifs totaux sur le marché sont donc au niveau record de 227,6 milliards de livres.
Tout d’abord, tout n’est pas à jeter. Les fonds investis dans l’immobilier commercial ont par exemple connu un rendement moyen de 30,2%, et certains d’entre eux ont dépassé les 40%. Dans le secteur du capital-investissement, le rendement a été de 42%. Ces deux domaines représentent un total de respectivement 20 et 27 milliards de livres, soit plus de 20% du total des fonds.
La raison pour laquelle les trusts ont sous-performé est qu’il y a trop d’exposition à des secteurs qui n’ont pas bien fonctionné. Les fonds liés à la croissance notamment ont ramé. Les fonds technologiques, d’une valeur totale de sept milliards de livres, ont eu un rendement de 19% ; ce qui est peu par rapport à l’indice technologique du Dow Jones qui a augmenté de 30%, par exemple.
Les fonds liés à la santé (valeur totale de 6,4 milliards de livres) ont même eu un rendement négatif, de -5,3%. Où cependant l’indice mondial MSCI indique que les actions des secteurs de la santé ont eu un rendement de 21%. Mais cela est dû au fait que ce secteur de fonds d’investissement comprend de nombreuses actions du domaine de la biotechnologie, qui a une mauvaise année. Leur surreprésentation dans les fonds a alors tiré la performance des fonds vers le bas.
Des taux plus généraux, orientés sur la croissance, ont également eu de moins bonnes performances. Le mastodonte écossais, qui investit dans les prêts hypothécaires, le Scottish Mortgage Trust (d’une valeur de plus de 20 milliards de livres) n’a eu un rendement que de 10,5%. Moins que l’année précédente, et beaucoup moins que des indices en la matière.
Les fonds gérés par la société Baillie Gifford, qui investissent dans différents marchés internationaux à forte croissance, ont également eu une mauvaise année. La raison est que les gestionnaires se sont tournés trop rapidement vers les acteurs en plein essor, au détriment des premières têtes du S&P 500, estime MoneyWeek.
D’autres mauvaises performances ont encore été les fonds investis dans des secteurs « alternatifs ». Le rendement des énergies renouvelables (total de 15 milliards de livres) a été de 8%, et ailleurs dans les infrastructures (13 milliards de livres) le rendement a été similaire. Des fonds investis dans des dettes ont également eu un rendement plus faible.
La Chine et ses régulations dans le secteur privé ont également provoqué des mauvaises performances pour les fonds investissant dans les marchés émergents. La Chine représente par exemple 31% de l’indice MSCI des marchés émergents et 37% de l’indice Asia ex-Japan : tous deux ont alors baissé suite au marché baissier en Chine. Mais les fonds moins liés ou pas du tout liés à la Chine s’en sont encore bien sortis.
Quelle vision pour le futur?
Au quoi peut-on alors s’attendre pour 2022? Les bons gestionnaires de fonds ne changent pas si simplement de stratégie, analyse MoneyWeek, donc il est normal que des bonnes performances de 2020 ne se répètent pas en 2021, et que les fonds qui avaient une mauvaise année 2020 aient une meilleure année 2021. Ces deux années étaient fort différentes.
Pour 2022, deux prévisions se font face : pour les bears (ours, pessimistes), l’inflation va rendre l’année particulièrement difficile, mais pour les bulls (taureaux, optimistes), la croissance économique va soutenir la tendance à la hausse des revenus. Ils trouvent encore le retour à de la normalité dans les politiques monétaires saines. Quoi qu’il en soit, les rendements sur les investissements, autant ceux liés à la croissance que ceux liés à la valeur, devraient être sains sur les cinq ans à venir, ce qui est un bon horizon pour les investisseurs.