Tesla va changer la chimie de ses batteries. Un moyen pour augmenter ses marges ?

Désormais, tous les modèles standards de Tesla embarqueront une batterie moins chère, composée de lithium, fer et phosphate.

Le constructeur automobile a informé ses investisseurs lors de la présentation de ses résultats pour le troisième trimestre que les nouvelles Tesla seront équipées d’un autre type de batterie. Un modèle lithium-fer-phosphate (LFP) viendra en effet remplacer les batteries nickel-cobalt-aluminium. Une décision qui ne concerne que les modèles standards, a précisé le constructeur. Si Tesla n’a pas donné de véritable raison à ce choix, on peut aisément imaginer que cela a pour but principal d’augmenter la marge bénéficiaire de l’entreprise sans devoir revoir les prix de ses véhicules à la hausse.

« Le LFP a des aspects à la fois positifs et négatifs », a indiqué Sam Abuelsamid, analyste principal de Guidehouse Insights. « C’est nettement moins cher et ne nécessite ni nickel ni cobalt. Il est également plus stable, ce qui le rend plus sûr ».

« Avec cette chimie, vous pouvez charger la batterie de votre véhicule jusqu’à 100 % sans vous soucier autant de la dégradation à long terme. L’autre chose est que ces batteries sont vraiment faciles à recycler. Et l’approvisionnement en matières premières pour ceux-ci est plus facile à faire, de manière éthique », a souligné le PDG de Snow Bull Capital, Taylor Ogan, adepte de Tesla, à CNBC.

Mais ce type de batterie comporte tout de même un gros point noir : les cellules LFP sont en effet moins denses en énergie. Autrement dit, à poids égal, elles offrent une portée inférieure aux batteries nickel-cobalt-aluminium. De plus, le froid a un impact beaucoup plus important sur ce type de chimie, a souligné Sam Abuelsamid.

Uniformisation

Dans les faits, la décision de Tesla ne devrait rien changer pour les futurs acquéreurs situés dans les régions d’Asie et d’Europe puisque les voitures qui y sont vendues profitent déjà de la chimie LFP. La Chine en fait d’ailleurs la promotion, et ce, tout simplement parce que 95% de la production de cathodes LFP est réalisée dans le pays.

Le changement se fera surtout sur le marché américain. Craignant la réaction de la population locale, Tesla a lancé en septembre dernier un sondage aux États-Unis pour savoir si les futurs détenteurs d’une Tesla Model 3 accepteraient de recevoir un véhicule équipé d’une batterie LFP. Étant donné l’annonce faite aux investisseurs, on peut imaginer que les consommateurs ne s’y sont pas majoritairement opposés.

Une bonne chose, in fine, puisque cela leur évitera certainement de payer plus cher pour leur voiture. Outre les quelques inconvénients cités plus haut, l’adoption de la chimie LFP sur le marché américain aura certaine pour effet d’éviter que Tesla n’augmente ses prix puisque sa marge sera plus importante.

Tesla n’est d’ailleurs pas le seul constructeur à s’être tourné vers les batteries LFP. D’autres entreprises automobiles se sont déjà montrées intéressées par ce type de batterie, plus avantageuse pour eux.

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