Ce jeudi, le président de la Réserve fédérale tenait un discours important. Si la prochaine décision de la banque centrale américaine semble acquise (une pause), les suivantes sont toujours aussi difficiles à voir venir.
Pas encore rassuré, Powell prône la prudence : « Les taux élevés sont difficiles pour tout le monde, mais cette politique n’est pas trop stricte »

Pourquoi est-ce important ?
Lors de sa dernière décision, en septembre, la Fed a décidé de ne pas toucher à ses taux, placés dans la (très haute) fourchette de 5,25%-5,50%. Pour sa prochaine décision, le 1ᵉʳ novembre, on s'attend à ce qu'elle ne bouge pas non plus. Pour les suivantes, c'est plus difficile à dire. Rappelons que son objectif est d'arriver à une inflation de 2%, là où elle a été de 3,7% en septembre et en août.Dans l’actu : le discours de Jerome Powell.
- Ce jeudi, le président de la banque centrale américaine s’est exprimé devant l’Economic Club of New York. L’occasion de donner un aperçu de ce que pourrait décider la Fed dans les mois à venir concernant les taux d’intérêt.
Au vu de nombreuses « incertitudes », la « prudence » reste de mise
Les détails : qu’a-t-il dit ?
- Dès ses premiers mots, Powell a à nouveau fait comprendre à quel point des événements de l’actualité pouvaient faire changer la direction d’une politique monétaire. Il a ainsi commencé son discours en soulignant que les tensions géopolitiques, « très élevées », posaient « des risques importants pour l’activité économique mondiale« .
- Après avoir été interrompu quelques minutes par des manifestants pour le climat, le président de la Fed a rappelé que l’inflation était encore « trop élevée« . « Quelques mois de bonnes données ne sont que le début de ce qu’il faudra pour renforcer la confiance dans le fait que l’inflation baisse durablement vers notre objectif », a-t-il ajouté.
- « Des preuves supplémentaires d’une croissance persistante supérieure à la tendance, ou d’un signe que les tensions sur le marché du travail ne s’atténuent plus, pourraient mettre en péril de nouveaux progrès en matière d’inflation et pourraient justifier un nouveau resserrement de la politique monétaire », a-t-il fait valoir, dans un même ordre d’idées.
- Après ces propos pas forcément pacifistes, il a évoqué les bonnes nouvelles venues du marché du travail. Il s’est notamment réjoui du fait que les démissions et l’avantage salarial gagné par ceux qui changent de job étaient de retour à leur niveau d’avant la pandémie.
- « Les indicateurs de croissance des salaires montrent une baisse progressive vers des niveaux qui seraient compatibles avec une inflation de 2% au fil du temps », a-t-il complété.
- Avant d’ajouter, peu après : « Le marché du travail reste très tendu, mais il se relâche ».
- Enfin, le président de la Réserve fédérale a conclu en expliquant que, conscients des risques liés à un resserrement excessif ou insuffisant de la politique monétaire, ses collègues et lui examineront la « totalité » des données lorsqu’ils prendront leurs décisions. Avec un maître mot en cette période remplie « d’incertitudes » : la « prudence« .
Par après, lorsque les journalistes l’ont interrogé, Powell a déclaré qu’il ne jugeait pas la politique actuelle comme étant « trop stricte ». « Des taux d’intérêt plus élevés sont difficiles pour tout le monde », a-t-il toutefois concédé.
Rien ne devrait bouger lors de la prochaine décision
Les explications : que peut-on en retirer ?
- Auprès de Bloomberg, l’analyste George Goncalves (MUFG) a estimé que, sous ses allures bellicistes, le message de Powell était « en fait neutre ».
- Sauf énorme surprise, on s’attend toujours à ce que la Fed ne modifie pas ses taux lors de sa décision du 1ᵉʳ novembre.
- Pour la suite, cela reste relativement incertain. Si une majorité des analystes et traders pensent qu’il y aura un nouveau statu quo à la mi-décembre, les nombreuses « incertitudes » qu’a évoquées Powell laissent clairement la porte ouverte à une nouvelle hausse.