Dans la nuit de lundi à mardi (heure américaine), le président américain Joe Biden rencontrera son homologue chinois, Xi Jinping, via écrans interposés. Même si la chaine d’approvisionnement de produits, de Chine, pour le marché américain et mondial connaît de nombreux retards, les présidents des deux plus importantes puissances économiques du monde parleront de la tension actuelle autour de Taiwan, selon des sources officielles.
La relation économique entre les Etats-Unis et la Chine est actuellement dominée par deux facteurs: les prix et tarifs, ainsi que les retards dans la chaîne d’approvisionnement. Un officiel de l’administration Biden a renseigné l’ordre du jour de la réunion entre les présidents des deux pays à la presse américaine. Les tarifs ne seront pas sur l’agenda, et la crise de la chaine d’approvisionnement ne sera pas « un point de discussion très signifiant », selon l’officiel.
Néanmoins, la Chine compterait bien rediscuter des frais de douanes et autres tarifs imposés par Donald Trump. Ces tarifs concernent des produits, valant au total 370 milliards de dollars, fabriqués en Chine. Le monde économique américain verrait également bien l’administration Biden annuler ces divers tarifs.
Durant la période Trump justement, une guerre des taxes a pu être observée. Les deux pays s’imposaient tour à tour des nouvelles taxes sur l’import de marchandises. L’annonce que Biden et Xi Jinping ne discuteraient pas de ces taxes surprend ainsi plus d’un outre-Atlantique.
L’annonce que les retards dans la chaine d’approvisionnement, nés avec le Covid mais s’aggravant depuis, notamment à cause de la crise des prix de l’énergie qui mènent à des coupures de courant en Chine, ne seront pas ou peu discutés, surprend également le monde économique.
La priorité pour les E-U: Taïwan
Ces derniers temps, des tensions sont palpables entre la Chine et Taïwan – île que la Chine continentale considère étant sienne. Pendant les derniers mois, la Chine aurait fait de plus en plus d’exercices militaires autour de l’île.
Les Etats-Unis se sont toujours rangés du côté de Taïwan. Fin octobre, Biden avait même affirmé défendre l’île en cas d’attaque chinoise. « Notre politique reste cohérente, et je suppose que le président va le réaffirmer », continue l’officiel. « Je m’attends avec certitude à ce que le sujet soit discuté. »
Autrement, les Etats-Unis se livrent aussi une compétition intense, sur le front économique, avec la Chine. Pour que la concurrence reste une concurrence responsable, les Américains souhaitent mettre en place des balises « de bon sens » pour éviter des malentendus et des mauvais calculs, qui pourraient in fine mener à des situations conflictuelles.
Autre sujet épineux: le respect des droits humains
La Chine est pointée du doigt pour le non-respect des droits humains, surtout en ce qui concerne les ouïghours, minorité musulmane et turcophone de l’ouest du pays: travaux forcés, incarcération dans des camps de concentration pour « rééducation », stérilisation forcée des femmes. Traitement que Beijing dément, mais que le département d’Etat américain, tout comme de nombreux autres pays, ainsi que de nombreuses enquêtes de journalistes, confirment.
Biden devrait alors lancer son interlocuteur sur le sujet, et ainsi continuer la tradition américaine a vouloir jouer le policier dans le monde. En oubliant toutefois que Xi Jinping pourrait également reprocher une longue liste d’exactions aux droits humains commises par les Etats-Unis, au nom de la démocratie et de la liberté. Certes moins énormes, dans les passé récent, que le traitement que la Chine réserve aux Ouïghours.
Un objectif: mieux collaborer
« Quand on veut, on peut », dit un vieux adage. Et en effet, malgré toutes ces tensions, les deux pays peuvent bel et bien coopérer, si cela correspond à leurs intérêts. A la COP26, les deux puissances ont par exemple surpris les participants avec un accord bilatéral pour réduire leur consommation en énergies fossiles. A eux deux, ils sont responsables pour 35% des émissions de gaz à effet de serre de la planète (où la Chine émet le double des USA).
Les ambitions climatiques semblent être un des seuls sujets où les deux puissances s’entendent. Cette thématique sera aussi abordée pendant la conversation entre les deux hommes d’Etat.
La Chine, influence mondiale grandissante
L’objectif de l’Empire du Milieu est clair, il s’agit de détrôner son rival, et de se hisser à la première place de l’économie mondiale. Pour avoir, aussi, l’influence politique qui va avec. Partout dans le monde, la Chine collabore. Elle investit dans de l’infrastructure, avec son programme des nouvelles routes de la soie. Dans des pays pauvres, mais en Europe également (même si l’Italie, depuis, est devenue plus réticente). Dans les pays en voie de développement, elle a également distribué de nombreux vaccins, et a ainsi pu faire jouer son soft power, et créer des sympathies.
A Hong Kong, la Chine restreint de plus en plus les libertés des citoyens, et a violemment réprimé les manifestants. Les Etats-Unis interprètent ces éléments comme une menace, plus grande que les questions stratégiques autour de Taïwan et de la chaine d’approvisionnement. La Chine, selon les Etats-Unis, veut faire passer le message que la démocratie ne marche pas, et qu’il vaudrait mieux suivre le modèle autoritaire qu’elle propose.
Face à cette menace, Biden est alors occupé à unifier les alliés des Etats-Unis, dans le Pacifique, au G7 et à l’OTAN également. « Nous sommes en compétition avec les autocrates dans le monde, pour voir si oui ou non les démocraties peuvent concourir avec eux, dans le vingt-et-unième siècle qui change si vite », disait-il lors d’un discours à un sommet de l’OTAN plus tôt cette année.
Dans tous les cas, un sommet entre ces deux pointures peut vite avoir des répercussions sur les marchés du monde entier.