Notre plat pays est l’un des premiers à avoir adopté la semaine de 4 jours à temps plein comme système de travail possible. Pourtant, dans les faits, le concept a encore du mal à convaincre.
Les chiffres :
- Seules 7% des PME de la capitale ont mis en place cette nouvelle forme de flexibilité du travail, selon une étude de SD Worx.
- Du côté de la Wallonie, le concept ne prend pas du tout puisqu’elles ne sont que 3% à l’avoir adopté.
La faute à qui ?
Depuis le 20 novembre 2022, les travailleurs belges peuvent théoriquement opter pour une semaine de 4 jours de travail à temps plein au lieu de 5 – à condition que leur employeur accepte. Dans les faits, la masse de travail reste la même puisque les quatre journées de travail sont simplement allongées pour compenser la cinquième journée supprimée.
- Le principal argument avancé par les autorités était de pouvoir profiter d’un jour de congé hebdomadaire supplémentaire pour le même salaire.
- Ce système était annoncé comme la prochaine grande révolution du monde du travail, avant même la popularisation du télétravail, poussé par la pandémie de coronavirus.
- Il est censé offrir un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
- Pourtant, force est de constater que la réalité est loin de la révolution annoncée.
Les avis restent fortement partagés du côté des PME :
- 30% seulement des PME bruxelloises estiment que l’initiative peut fortement contribuer à attirer et à retenir les employés.
- Du côté des PME wallonnes, 41% s’attendent à des avantages provenant de la semaine de 4 jours à temps plein. Elles sont cependant 34% à ne pas du tout y croire.
- En Flandre, le rapport est inversé : davantage de PME n’y croient pas (45% contre 21%).
Du point de vue des employés :
- La semaine de 4 jours à temps plein séduit pourtant 30% des travailleurs bruxellois. De quoi voir le nombre de PME passer à ce système possiblement augmenter.
- Rappelons que si les travailleurs peuvent introduire une demande pour passer à une semaine de 4 jours à temps plein, leur employeur peut ne pas accepter.
- Les travailleurs wallons (21%) et flamands (18%) sont moins intéressés par le système que leurs homologues bruxellois, selon l’enquête de SD Worx.
Comment expliquer un si faible succès ?
Plusieurs pistes sont envisageables :
- La première peut tout simplement venir des employeurs, peu enclins à s’adapter au nouveau fonctionnement qu’un tel système implique.
- Beaucoup estiment que mettre en place une semaine de 4 jours de travail à temps plein est tout bonnement impossible ou, au mieux, difficile.
- La seconde peut venir des employés, peu désireux d’allonger leur journée de travail, même pour un jour de congé supplémentaire.
- Une autre explication pourrait venir d’un manque d’information. Bon nombre d’employés pourraient ne pas être au courant que ce système est légalement accepté en Belgique et que c’est à eux d’en faire la demande auprès de leur employeur.
Pourtant, étant donné que l’emploi ne progresse plus du côté des PME, en raison de l’indexation des salaires notamment, adopter et promouvoir la semaine de 4 jours de travail à temps plein pourrait faire la différence pour trouver des talents :
- « Pour les PME qui luttent pour trouver des talents rares, il peut s’avérer payant de l’utiliser comme facteur de différenciation, bien que cela nécessite un certain travail de la part du département des ressources humaines. Les PME les plus petites (<5 employés) ont les attentes les plus positives concernant l’initiative. Néanmoins, la semaine de travail de quatre jours ne sera pas la solution idéale pour tout le monde », assure Jordane Houdart, conseillère PME chez SD Worx.
- « La flexibilité en termes d’horaires de travail joue certainement un rôle dans la guerre des talents. N’oublions pas que nos employeurs belges ont souvent déjà introduit d’autres formes de flexibilité, telles que les horaires variables et la possibilité de travailler à domicile. Une partie du besoin de flexibilité des travailleurs est donc déjà satisfaite », ajoute-t-elle dans un communiqué.