Travailler un jour en moins (tout en gagnant autant) peut-il faire augmenter la productivité des employés ? Ses défenseurs pensent que oui, et de plus en plus d’expériences sont lancées aux quatre coins du monde. Dans les prochains mois, le Royaume-Uni va accueillir le plus grand test du genre.
De juin à décembre, 3.000 travailleurs de 60 entreprises britanniques vont travailler quatre jours par semaine, et percevoir le même salaire que lorsqu’ils en prestaient cinq, rapporte le Guardian. Le projet est mené par des universitaires des d’Oxford et de Cambridge, ainsi que du Boston College, en partenariat avec les associations 4 Day Week Global et 4 Day Week UK Campaign et le think tank Autonomy.
Parmi les entreprises participantes, on retrouve de tout. Une brasserie londonienne, une société d’appareils médicaux mancunienne, ou encore un restaurant de fish and chips du Norfolk. La Royal Society of Biology se prêtera elle aussi à l’expérience.
Le Covid comme game changer
Les architectes de ce projet pilote estiment que la pandémie de coronavirus que nous venons de traverser a provoqué un changement irréversible dans la mentalité des travailleurs. Ils veulent avoir plus de temps pour profiter de leur vie. Et, pour ce faire, ils réclament des meilleures conditions de travail. L’allégement du temps passé au boulot en fait partie.
« De plus en plus, les managers et les dirigeants adoptent un nouveau modèle de travail qui met l’accent sur la qualité des résultats et non sur la quantité d’heures « , explique Joe O’Connor, directeur général de 4 Day Week Global. « Les travailleurs sont sortis de la pandémie avec des attentes différentes quant à ce qui constitue un équilibre vie-travail sain. »
« Il s’agit d’essayer d’en faire plus pour être un bon employeur, innovant, afin d’attirer et de retenir notre personnel actuel », ajoute Mark Downs, directeur général de la Royal Society of Biology. « Ce genre de possibilités fait une énorme différence. C’est formidable pour tout le monde. »
Autres initiatives
Le Guardian qualifie la future expérience britannique de « plus grand projet au monde ». Jusqu’à présent, le « record » revient à l’Islande, via un projet qui s’est étalé sur plusieurs années et qui a réuni plus de 2.500 travailleurs du secteur public (soit 1% de la population du pays). Ces derniers ont eu l’occasion de passer de 40 à 35 ou 36 heures de travail effectif par semaine. Leur bien-être se serait « considérablement amélioré », selon les chercheurs ayant mené l’étude.
D’autres pays, tels que l’Espagne ou la Nouvelle-Zélande, se penchent également de près sur la question. De leur côté, les Emirats arabes unis ont récemment fait passer leurs fonctionnaires à 4,5 jours de travail par semaine, une première mondiale.
Par le passé, d’autres projets pilotes du même type ont également été organisés à l’échelle d’entreprises. Cela a notamment été le cas chez Unilever, Microsoft ou encore Panasonic.
Chez nous, rappelons que la Vivaldi s’est elle aussi accordée sur la semaine de 4 jours. Mais elle consiste simplement à débloquer un jour de congé supplémentaire… en prestant davantage d’heures les autres jours de la semaine. On est donc très loin des initiatives citées ci-dessus.