Réduire la TVA sur l’énergie pourrait repousser l’indexation des salaires de 6 mois

L’année 2022 devait voir une indexation des salaires, soit un processus automatique qui révise à la hausse ce que touchent les Belges chaque mois, revenus ou allocations sociales, en fonction de l’évolution du coût de la vie. En principe : car à force de vouloir soulager les ménages du poids toujours plus grand de l’énergie sur les budgets, le gouvernement a peut-être perturbé ce dispositif.

Le Bureau fédéral du Plan a actualisé ses prévisions mensuelles d’inflation afin d’intégrer les mesures prises début février par le gouvernement fédéral pour alléger la facture d’énergie des ménages relève Le Soir. Avec notamment la réduction temporaire de la TVA sur l’électricité décidée, après de longs débats, par le gouvernent fédéral. Celle-ci passera à 6%, contre 21 % habituellement, entre le 1er mars et le 1er juillet prochain.

Perturber le pivot

Sauf que celles-ci pourraient bien avoir un effet sur les mécanismes complexes qui régissent le franchissement de l’indice pivot, le seuil de montant moyen des dépenses qui provoque dans notre pays une indexation automatique de 2% des allocations sociales (le mois suivant) et des salaires des fonctionnaires (deux mois plus tard). Avant l’annonce des mesures d’allégement de la facture d’énergie, le Bureau du Plan s’attendait à des dépassements de l’indice pivot en février, puis encore en avril. Si le premier est confirmé, le suivant, en revanche, n’aurait lieu qu’en octobre, soit avec un décalage de six mois. Ce qui impacterait de nombreux Belges, selon la Commission paritaire (CP) sous laquelle est calculé leur salaire.

Or l’indice pivot n’est pas le seul mécanisme d’indexation des salaires en Belgique ; celle-ci est toujours calquée sur l’indice santé, et peut aussi être effectuée à date fixe, une fois l’an, chaque trimestre ou tous les mois. Cela varie selon les secteurs professionnels : les 400.000 employés de la catégorie CP200 du pays en bénéficient au premier janvier, mais l’indexation est mensuelle dans le monde bancaire, par exemple. Un décalage de six mois peut donc fortement impacter la hausse prévue des salaires pour de nombreux travailleurs.

En supposant que l’inflation s’apaise

Or cette différence dans les prédictions pourrait retarder de six mois le mécanisme, la décision du gouvernement allégeant de facto les dépenses des ménages. En outre, les estimations de l’inflation future sont plutôt à la baisse : le Bureau du Plan estime qu’elle devrait atteindre 5,5% à la fin de l’année, contre 5,8 précédemment anticipé, ce qui ferait passer l’indice santé à 5,4 % plutôt que 5,7 %. Le Bureau estime que la crise n’est que passagère et que l’inflation retombera sous les 2% dès l’année prochaine, ce qui colle aux estimations – de plus en plus souvent contredites – de la BCE. « Ces prévisions supposent que la spirale prix-salaires reste sous contrôle », précise toutefois le Bureau du Plan.

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