Le rapport officiel sur l’emploi aux États-Unis de vendredi dernier a montré que le marché du travail continue de se porter incroyablement bien. Selon certains économistes, c’est le signe que les craintes d’une récession américaine sont exagérées.
Le rapport sur l’emploi aux États-Unis prouve-t-il que les craintes de récession sont exagérées ?

Pourquoi est-ce important ?
Les économistes avertissent depuis l'année dernière que les États-Unis se dirigent vers une récession. Il a été brièvement question d'une "récession technique" (deux trimestres consécutifs de contraction de l'économie) en 2022, mais une véritable récession reste actuellement hors de question. Il n'y a pas de récession outre-Atlantique tant que le National Bureau of Economic Research (NBER) ne le décrète pas.Dans l’actu : Aux États-Unis, 517.000 emplois ont été créés (!) le mois dernier.
- C’est beaucoup plus que prévu. Le marché n’avait envisagé qu’une augmentation de 187.000 emplois.
- Le taux de chômage s’est établi à 3,4% en janvier, le niveau le plus bas depuis 1969. Les économistes tablaient sur une hausse à 3,6% pour janvier.
- Les salaires horaires ont augmenté de 0,3%. Sur une base annuelle, ils ont augmenté de 4,4%.
Récession américaine
Crainte d’une contraction de l’économie : certains économistes affirment que la vigueur du marché du travail montre que le resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale ne plongera pas les États-Unis dans la récession.
- « On n’a pas ce genre de surprise positive quand une récession est imminente, donc ce rapport met fin aux craintes de récession américaine », réagit sur Twitter Robin Brooks, économiste en chef de l’Institut de la finance internationale.
- Aneta Markowska, économiste à la société de courtage Jefferies, parle d’un rapport sur l’emploi étonnant. Selon elle, il ne semble plus y avoir de corrélation négative entre l’inflation et le chômage. « En fait, c’est plutôt le contraire qui semble être vrai », explique-t-elle.
- « Le terme game changer est utilisé bien trop souvent, mais le rapport sur l’emploi de janvier l’a vraiment été », détaille Stephen Stanley, économiste en chef chez le courtier Amherst Pierpont Securities. « La plupart des économistes et des acteurs du marché sont de plus en plus convaincus que le marché du travail est sur le point de basculer, malgré l’absence de preuves tangibles à l’appui de cette affirmation. Le rapport sur l’emploi de janvier a souligné avec force que le marché du travail continue de bien se porter et que l’effondrement de l’économie américaine a été largement exagérée. »
Croissance : Les chiffres préliminaires du ministère américain de l’Économie – publiés à la fin du mois dernier – montrent que la croissance économique aux États-Unis s’est établie à 2,9% au quatrième trimestre.
- James Knightley, économiste chez ING, avait alors prévenu qu’il fallait prendre ce chiffre de croissance avec des pincettes. Il a notamment cité l’affaiblissement des ventes au détail.
- Philip Marey, économiste chez Rabobank, a indiqué qu’il s’attendait à ce que les États-Unis tombent en récession au second semestre de l’année.
Impact de la politique de la Fed
Les marchés boursiers dans le rouge : Le rapport sur l’emploi fait plonger les marchés boursiers.
- Wall Street a baissé vendredi dernier. Le Nasdaq a perdu 1,6%, la plus grosse perte de la journée.
- Les marchés boursiers européens sont également dans le rouge ce lundi. Le Bel20 perd 0,80% en début d’après-midi et l’Eurostoxx50 près de 1,30%.
Perspectives : Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a réaffirmé lors de la dernière réunion sur les taux d’intérêt que quelque chose doit se produire sur le marché du travail avant que l’inflation puisse tomber à 2%, l’objectif de la banque centrale. Il est donc à craindre que Powell et son équipe continuent à resserrer la politique monétaire pendant un certain temps encore. La semaine dernière, ils ont décrété une légère augmentation de 25 points de base.
- « Les données montrent que l’économie crée des emplois à un rythme rapide et ne montre aucun signe d’affaiblissement en réponse à un resserrement de plus de 400 points de base », précise dans une analyse Rubeela Farooqi, économiste au cabinet de recherche économique High Frequency Economics. « Sans une correction du marché du travail, il y a un risque que les taux d’intérêt soient plus élevés que prévu. »
- Eugenio Alemán, économiste à la banque d’investissement Raymond James, s’attend à ce que la Fed relève les taux d’intérêt au moins deux fois de plus, de 25 points de base. Cela signifierait que le taux augmenterait encore pour se situer entre 5 et 5,25 %.
(CP)