Pourquoi les Régions sont-elles étrangement absentes du débat sur la facture énergétique ?

Après les « mesures sparadrap » du fédéral, faut-il s’attendre à une aide des Régions pour soulager la facture énergétique des citoyens ? Test-Achat pointait en début de semaine un silence radio de la Région bruxelloise et de la Wallonie. Mais quelle est leur marge de manœuvre ?

Dans l’actu: Critiquées, les mesures du gouvernement fédéral seront-elles suffisantes?

Le détail: Région bruxelloise et Wallonie réagissent différemment.

  • D’après les calculs du Premier ministre, les trois nouvelles mesures et le mini-tax shift pourraient rapporter jusqu’à 300 euros par ménage.
  • D’aucuns jugent cette aide trop tardive et anecdotique quand la facture annuelle des ménages peut augmenter de plusieurs milliers d’euros, certainement pour les ménages se chauffant au gaz.
  • La Région bruxelloise, qui a déjà débloqué 10 millions d’euros pour les CPAS, explique que sa marge de manoeuvre est très réduite. Si les bas revenus bénéficient déjà du tarif social, c’est désormais la classe moyenne qui a besoin d’une bouffée d’oxygène.
    • Le cabinet du ministre de l’Énergie, Alain Maron (Ecolo), explique que cette aide n’est pas uniquement destinée aux bénéficiaires du CPAS, mais à quiconque ne peut faire face à l’augmentation de sa facture énergétique.
    • Ce jeudi, le gouvernement bruxellois discutera d’une mesure visant à mettre fin aux limiteurs de puissance, mécanisme qui intervient quand un citoyen ne parvient plus à payer ses factures. Il est aussi prévu un accès garanti à l’énergie.
    • Une aide directe n’est par contre pas à l’ordre du jour. La justification? Les taxes bruxelloises ne représentent que 1,2% et 0,3% de la facture d’électricité et de gaz, explique à La DH Pascal Misselyn, directeur du régulateur bruxellois de l’énergie Brugel. Les communes ne récupèrent elles que 1,8% et 1%.
  • La Région wallonne se montre plus volontariste. Le ministre wallon de l’Énergie Philippe Henry (Ecolo) estimait hier qu’il fallait faire « des choix budgétaires ». Comprendre: une intervention directe de la Région.
    • Sous quelle forme ? La question sera sur la table du gouvernement ce jeudi et « des mesures complémentaires » pourraient être prises dès la semaine prochaine, a expliqué le ministre au Parlement, qui juge les mesures du fédéral « insuffisantes ».
    • Ces mesures seraient destinées aux personnes qui ne bénéficient pas du tarif social. Il est aussi prévu de suspendre les coupures de gaz et d’électricité jusqu’à la mise en oeuvre du dispositif.
  • Il reste étonnant, qu’après des semaines de débat au sein du fédéral, les deux gouvernements régionaux ne se soient pas positionnés plus rapidement sur le dossier. Ce n’est pas faute d’avoir interpelé les deux exécutifs régionaux, expliquait sur La Première Julie Frère, porte-parole de Test-Achat.
  • La raison la plus évidente, c’est que les finances des deux Régions sont dans le rouge, aggravées par la crise sanitaire, et les inondations dans le cas wallon.
  • Une dette de 29,1 milliards pèse sur la Wallonie (chiffres fin 2021, dettes directe et indirecte), et elle pourrait s’alourdir à 50 milliards d’ici 2030 à politique inchangée. L’agence de notation Moody’s a abaissé une nouvelle fois la note de crédit de la Wallonie, soit deux crans en dessous de la Flandre désormais. La charge sur cette dette est de 600 millions d’euros par an, soit 4% des recettes publiques.
  • L’effort envisagé par la Wallonie pour ramener l’équilibre budgétaire est de 150 millions par an, soit 1% des recettes.
  • La situation à Bruxelles est à peine meilleure. La dette directe de la Région bruxelloise pourrait grimper selon les prévisions à 8,6 milliards d’euros pour seulement 6,6 milliards de recettes en 2022, estimait en novembre la Cour des comptes, pas avare en critiques sur la gestion des finances de la Région bruxelloise.

Ailleurs: à Ottignies-Louvain-La-Neuve, le MR a crié victoire trop vite.

  • Retournement de situation dans la commune universitaire où la bourgmestre Julie Chantry (Ecolo) restera finalement en place. Deux semaines plus tôt, le cdH et le PS désiraient pourtant changer de majorité, propulsant un libéral au maïorat. Le président du MR triomphait: « Tellement fier et heureux de nos élus locaux à Ottignies-Louvain-la-Neuve qui permettent au MR d’accéder à un maïorat de plus, confirmant la première position du MR en Wallonie dans ce domaine. Et dans une commune universitaire de savoir, de progrès! »
  • Ecolo, cdH et PS se sont rabibochés après l’intervention des présidents de parti, de franches discussions et une certaine pression citoyenne. Une série de dossiers locaux ont été débloqués, le cdH a obtenu le portefeuille des Finances, et tout le monde a finalement mis de l’eau dans son vin pour repartir d’une page blanche.
  • L’amertume du président du MR est à la hauteur de sa joie deux semaines plus tôt:  » ‘L’hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent pour vertus.’ Molière… Ecolo, la politique autrement… en pire. Des postes et des salaires au détriment d’Ottignies Louvain-la-Neuve. Bravo au MR local pour son sens des responsabilités et sa dignité. »
  • C’est cruel la politique. Mais dans le chef de Georges-Louis Bouchez, on ne peut pas vraiment jouer les étonnés.

Crise sanitaire: vers la fin des mesures ?

  • Le Danemark, et bientôt la Suisse, le Royaume-Uni et l’Autriche ? Dans certaines capitales européennes, on veut mettre la pandémie derrière soi, comme le veut la fameuse expression: « Il faut vivre avec le virus ».
  • Les langues se délient en Belgique, les directeurs d’hôpitaux montent au créneau. « Le CST n’a plus de sens », tacle Philippe Devos dans La DH, chef adjoint des soins intensifs du Montlégia. « C’est davantage une décision politique – pour inciter les gens à se faire vacciner – que scientifique. »
  • Le CST n’arrête pas Omicron. « Le S du CST n’a plus rien de Safe. Ce CST ne permet plus de ralentir l’épidémie”, estime de son côté Marc Van Ranst.
  • S’en tenir en gestes barrières, à l’aération et à la protection des personnes à risques devraient désormais être l’unique priorité, juge l’épidémiologiste de l’ULB, Yves Coppieters.
  • Mais la Belgique est coincée par son baromètre. Pour l’heure, on est dans le rouge vif. Pour le rendre orange, il faudrait descendre en dessous des 500 lits en soins intensifs et des 150 admissions quotidiennes à l’hôpital. Au vu des chiffres, bientôt en phase descendante, cela devrait prendre plusieurs semaines.
  • Dans Le Soir, le vice-premier ministre Ecolo Georges Gilkinet plaide pourtant pour assouplir le baromètre et ainsi libérer certains secteurs des restrictions actuelles. Il veut aussi mettre de côté le CST. Il n’est pour l’instant pas suivi par le Premier ministre Alexander De Croo et le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke. À peine installé et demandé à cor et à cris, le baromètre devrait-il déjà faire un pas de côté ?
  • Un Codeco sera organisé en principe vendredi prochain.
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