Pourquoi les futurs explorateurs de Mars risquent de souffrir d’anémie

Un séjour prolongé dans l’espace n’a rien de tout repos pour le corps humain : une étude s’est penchée sur le mal déjà observé qu’est « l’anémie spatiale »: en apesanteur, l’organisme des astronautes détruit des globules rouges à un rythme anormal. Un défi déjà à leur retour sur Terre, mais un problème bien plus complexe encore pour celles et ceux qui débarqueront un jour sur Mars.

Si l’aspect technique d’un voyage spatial au long cours vers Mars est déjà un défi conséquent en lui-même, on oublie parfois la dimension humaine du projet : pour aller planter notre drapeau terrestre sur la planète rouge, et d’autant plus nous implanter durablement, il faudra y envoyer des homo sapiens. Et n’importe qui n’a pas les capacités physiques et mentales pour devenir astronaute, même si le nombre de voyageurs de l’espace devrait drastiquement augmenter dans les années à venir.

Un sang qui s’appauvrit en globules

Sauf qu’on ne parle pas là de bond de puce orbital comme le font de richissimes touristes, mais de très longs séjours dans l’espace. Et ceux-ci ont des conséquences durables sur la santé humaine, comme on l’observe déjà chez les équipages ayant séjourné des mois dans la Station spatiale internationale : ceux-ci souffrent tous d’une étrange « anémie de l’espace ». Une équipe de chercheurs de l’université d’Ottawa a étudié les échantillons sanguins de 14 astronautes présents sur l’ISS sur une période de six mois, et tous, hommes comme femmes, voyaient leur taux de globules rouges diminuer.

En temps normal, un organisme humain détruit et produit jusqu’à deux millions de ces cellules sanguines par seconde rappelle Futura. Mais dans l’espace, en apesanteur, les destructions de globules rouges grimpent à trois millions par seconde, créant ainsi un dangereux déséquilibre. Soit une augmentation de 50%, que le corps humaine semble toutefois capable de compenser en partie en augmentant sa production, sans quoi son état de santé se dégraderait très vite. Mais ce n’est pas suffisant.

Le difficile retour à la gravité

En apesanteur, ce n’est pas un réel problème. Mais une fois de retour sur Terre et confrontés à nouveau à la gravité, les astronautes subissent le contrecoup et doivent se réhabituer à soutenir un effort prolongé. Les effets de l’anémie spatiale s’atténuent au fil du temps, mais des séquelles semblent se prolonger longtemps après le retour sur Terre : si le niveau de globules rouges revient à la normale après 3 ou 4 mois, les vétérans de l’espace les détruisent encore 30% plus rapidement un an après leur retour, même si là aussi, le corps semble compenser et arriverait à maintenir un taux normal.

Si un « simple » séjour de six mois dans l’ISS peut entrainer de telles conséquences sur la santé humaine, alors quid d’un trajet de plusieurs mois en direction de Mars ? C’est là un gros problème à surmonter pour les équipages humains, d’autant plus qu’arriver sur la planète rouge, ce n’est pas retourner sur Terre : il n’y aura pas de soins médicaux spécialisés, ni même de nourriture fraîche à même de les aider à régénérer leurs forces qui les attendront sur place, dans la gravité martienne.

Difficile de se prononcer sur comment prévenir l’anémie spatiale ; les astronautes sont déjà fortement encouragés à maintenir une activité physique régulière dans l’ISS, mais ce n’est visiblement pas suffisant, et d’ailleurs pas si simple en apesanteur. Les chercheurs pensent que la solution se trouve peut-être dans l’alimentation des astronautes. Un autre problème typiquement humain qui se pose dès qu’on regarde vers Mars.

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