Alors que les politiciens belges se chamaillent au sujet des SMR, l’organisme de surveillance nucléaire américain a donné son feu vert pour un premier projet

Bien que la Vivaldi ait consacré 100 millions d’euros à la recherche de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR), la loi sur la sortie du nucléaire empêche leur construction en Belgique. Entre-temps, aux États-Unis, le premier projet a été approuvé, ouvrant la voie à une mise en service d’ici la fin de la décennie.

Pourquoi est-ce important ?

Les SMR devraient résoudre certains des problèmes des centrales nucléaires traditionnelles. Selon leurs partisans, ces réacteurs seraient moins chers à construire et plus flexibles. Ils pourraient par exemple prendre place dans des endroits où il n'y a pas de place pour de plus grands réacteurs. Selon certains universitaires, ils pourraient même être alimentés par des déchets nucléaires des plus grandes centrales.

L’actualité : le gendarme américain du nucléaire, la Nuclear Regulatory Commission (NRC), a donné son feu vert à la conception d’un SMR par la société NuScale Power.

  • Il s’agit du premier SMR approuvé par le régulateur pour une utilisation aux États-Unis. La société est maintenant en mesure de demander une licence pour construire un réacteur dans le pays sur la base de cette conception.
  • Une centrale nucléaire NuScale serait composée de 12 modules, chacun d’une capacité de 50 mégawatts de puissance électrique (MWe). Au total, une telle centrale aurait donc une capacité de 600 MWe.
  • Il est à noter que ce chiffre est bien inférieur à celui des centrales nucléaires belges de Doel et de Tihange, dont la capacité totale est respectivement de 2 900 et 3 000 MWe. Il est important de noter, cependant, que l’un des points forts des SMR, selon leurs partisans, est précisément qu’ils sont plus petits.
  • L’entreprise espère à présent demander la construction d’un SMR dans l’État américain de l’Utah en 2024, rapporte World Nuclear News. Si tout va bien, le premier module de la centrale nucléaire devrait être opérationnel dès 2029. La centrale nucléaire complète devrait être mise en service l’année suivante.

Les SMR dans le monde

Zoom arrière : NuScale pourrait construire des réacteurs SMR pas seulement aux États-Unis. La société a déjà conclu des accords pour construire des mini-réacteurs en Pologne, en République tchèque, en Roumanie et en Jordanie.

  • En outre, elle n’est pas la seule entreprise américaine à travailler sur cette technologie. Holtec, un fabricant de composants pour les réacteurs nucléaires, a même annoncé au début du mois de janvier une « percée technique » qui devrait permettre d’utiliser des équipements provenant d’anciennes centrales à charbon dans les SMR.
  • La Chine est également dans la course. En fait, le pays a déjà connecté un SMR à son réseau électrique en 2022. C’est le premier pays à avoir réussi à produire commercialement de l’électricité avec un SMR.
  • Entre-temps, la Belgique a décidé de débloquer 100 millions d’euros pour le développement des SMR. Cependant, une controverse est née à ce sujet récemment. La semaine dernière, le co-président d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, s’en est pris aux SMR, une technologie qu’il ne considère pas comme fiable et réalisable. Alors même que la veille, il déclarait ailleurs dans la presse que l’ADN d’Ecolo n’était plus « nucléaire, non merci ».
  • Ecolo a dû avaler plusieurs couleuvres l’année dernière dans un contexte de crise énergétique. Sa volonté d’en finir avec l’atome a été tuée dans l’œuf par la guerre de Poutine, qui a fait grimper les prix du gaz à des sommets. Une énergie sur laquelle les écologistes comptaient comme énergie de transition. Finalement, il a été décidé en mars dernier de prolonger les deux réacteurs les plus récents, à savoir Doel 4 et Tihange 4. Mais l’opposition et certains partis de la majorité poussent désormais pour étendre la durée de vie des autres réacteurs.
  • Les commentaires co-président d’Ecolo sur le SMR n’ont pas été appréciés par certains partenaires de la majorité, à savoir le MR, l’Open Vld et le CD&V. Mais tous sont tenus par une réalité : la loi de la sortie du nucléaire de 2003 n’a toujours pas été abrogée. Mis à part cette courte prolongation pour dix ans de Doel 4 et Tihange 3, la Belgique se dirige toujours officiellement vers une sortie du nucléaire, sous toutes ses formes.

RVW

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