Plus large que certains avions, on sait enfin comment s’envolait le plus grand animal volant du monde (et c’est spectaculaire)

Avec une envergure pouvant dépasser les 3,5 mètres, l’albatros hurleur est le plus grand animal volant vivant. A côté de la plus grande créature s’étant jamais envolée dans le ciel de notre planète, il aurait toutefois eu l’air tout petit. Ce titre revient au Quetzalcoatlus northropi et à son envergure maximale de 12 mètres. Aujourd’hui, on sait comment il décollait et atterrissait (oui, on peut utiliser ces termes là quand on a une plus grande envergure que certains avions légers).

Le Quetzalcoatlus northropi n’était pas un oiseau, mais bien un ptérosaure, soit un reptile volant. Il a vécu au Cétacé supérieur, il y a environ 70 millions d’années, en Amérique du Nord, plus précisément aux alentours du Texas actuel. Précision importante: il ne s’agit pas d’un dinosaure, mais d’un diapside archosaure ornithodirien.

Avec ses 10 à 12 mètres d’envergure, ses 3 mètres de hauteur et ses plus de 200 kilos, il est assurément l’animal volant le plus imposant que l’on connaisse. Et justement, plusieurs théories ont déjà circulé à propos de ses capacités à voler. Certains ont avancé qu’il courait pour prendre de la vitesse comme un albatros avant de s’envoler, d’autres qu’il se balançait sur le bout de ses ailes comme une chauve-souris. Certains ont même contesté l’idée qu’il volait.

En cette fin d’année, une nouvelle théorie a émergé via six articles publiés dans le Journal of Vertebrate Paleontology. Le fruit de l’étude « la plus complète à ce jour », selon le paléontologue Matthew Brown, de l’Université du Texas à Austin, coauteur de l’étude.

Un saut en l’air, des battements d’ailes, et c’est parti

D’après cette nouvelle étude, pour s’envoler, le Quetzalcoatlus northropi faisait un saut en l’air de 2,5 mètres, suivi de battements d’ailes.

« S’ils pouvaient sauter deux fois la hauteur de leurs hanches, à [environ] 2,5 mètres, leurs ailes étaient capables de quitter le sol, et ils pouvaient exécuter une course de vol plus profonde », explique le paléontologue Kevin Padian, du musée de paléontologie de l’université de Californie. « Cela pourrait être la meilleure option pour décoller, bien que cela dépende de la puissance suffisante des jambes ».

Dans les airs, le ptérosaure aurait ressemblé à un condor, planant dans les airs et utilisant sa tête relativement grande pour l’aider à effectuer des virages. Les chercheurs pensent que les ailes n’étaient très probablement attachées qu’aux membres antérieurs, comme les oiseaux que nous connaissons aujourd’hui.

Au niveau de l’atterrissage, l’animal préhistorique agissait probablement comme un avion, estiment les scientifiques, ralentissant dans les airs avant de se poser sur la terre ferme et de faire un saut pour se stabiliser.

« L’animal devait battre des ailes pour décrocher et ralentir sa descente avant de se poser avec ses pattes arrière et de faire un petit saut », décrit Kevin Padian. « Puis il posait ses pattes avant, adoptant une posture à quatre pattes, se redressant et s’éloignant ».

En bref, ce n’était probablement pas très grâcieux, mais assurément spectaculaire.

« Le grand public en a une vision artistique et non scientifique »

Dans leurs six articles, les scientifiques dressent un portait du Quetzalcoatlus northropi (mais aussi de son cousin, plus petit, le Quetzalcoatlus lawsoni) qui va bien au delà de ses caractéristiques de décollage et d’atterrissage.

Ils contestent notamment l’hypothèse selon laquelle il était un charognard, estimant que son bec n’était pas adapté à une telle alimentation. A la place, ils postulent qu’il se nourrissait de poissons et de petits reptiles à la surface de l’eau, ainsi que d’invertébrés dans les fonds vaseux. Son habitat, parsemé de lacs alcalins peu profonds entourés de palmiers, y était en tout cas propice, avancent-ils.

« Ces anciens reptiles volants sont légendaires, bien que la conception que s’en fait le grand public soit artistique, et non scientifique », souligne Kevin Padian. « Il s’agit du premier regard réel sur l’intégralité du plus grand animal ayant jamais volé, pour autant que nous le sachions. Les résultats sont révolutionnaires pour l’étude des ptérosaures – les premiers animaux, après les insectes, à avoir évolué vers le vol motorisé. »

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