Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se réunissent ce lundi avec Josep Borrell, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères pour discuter des sanctions contre la Russie. L’Union européenne soutient l’opposant russe, Alexeï Navalny, en prison depuis un mois après son empoisonnement l’année dernière. Deux plans sont sur la table.
La Russie espérait certainement gérer l’affaire Navalny seule. Mais c’était sans compter les préoccupations de l’Union européenne pour le principal opposant de Vladimir Poutine. Après l’empoisonnement d’Alexeï Navalny en août dernier, son emprisonnement dès son retour d’Allemagne laisse craindre, selon l’Union européenne, un abus d’autorité de la part de la Russie. La vie de Navalny serait également à nouveau en danger.
La plupart des pays membres de l’Union européenne sont favorables à des sanctions contre la Russie. Encore plus après que la réunion, début du mois, entre Josep Borrell et le Kremlin, se soit conclue par l’expulsion de trois diplomates européens officiants en Russie.
Deux types de sanctions
De nouvelles sanctions contre la Russie seront donc au centre de la réunion des ministres des Affaires étrangères des 27 pays membres de ce lundi. Selon le ministre autrichien, Alexander Schallenberg, une ‘large majorité’ soutient les sanctions. La question à trancher ne sera donc pas ‘faut-il des sanctions’, mais ‘quelles sanctions imposer’ ? Et pour cela, il existe deux camps:
- Ceux qui veulent des sanctions générales contre les autorités russes, y compris des sanctions économiques.
- Ceux qui préfèrent directement viser les instigateurs de l’arrestation de Navalny.
Parmi le premier groupe, on retrouve les pays Balkans et la Pologne. Opter pour des sanctions à large effet permet de viser tout le pays et d’imposer une pression plus forte.
Mais dans les faits, il est plus probable que ce soit la seconde option qui soit choisie. Selon le site Euractiv, plusieurs ministres et ambassadeurs de l’Union européenne ont rencontré la semaine passée deux proches de Navalny – Leonid Volkov, chef de cabinet de Navalny, et Ivan Zhdanov, CEO de la Fondation anticorruption. Ils ont évoqué de possibles sanctions ciblées contre les plus proches alliés de Poutine et d’autres personnes considérées comme coupables ‘de violations majeures des droits humains’.
Un nouveau régime de sanctions pourrait même être utilisé pour la première fois. Créé il y a deux mois, ce mécanisme permet de ‘sanctionner un pays, n’importe où dans le monde, s’il viole gravement des droits de l’homme’, explique FranceTV. Les personnes ou les entités incriminées peuvent alors être interdites de voyage dans l’Union européenne, avoir leurs biens gelés et être privées de financement venant de l’Europe.
Il faudra toutefois que l’impact de ces mesures soit suffisant. ‘Nous devons admettre que sanctionner quelques personnes ne fera probablement pas trop peur à la Russie’, explique un diplomate européen au média centré sur l’UE.
Surtout que l’Europe n’en est pas à son premier coup d’essai pour les sanctions contre la Russie. L’UE a déjà infligé une série de sanctions en 2014, lors de l’annexion de la Crimée par le régime de Poutine. L’année dernière, 6 proches du Kremlin ont été également sanctionnées à la suite de l’empoisonnement d’Alexeï Navalny.
Double jugement pour Navalny
Ce weekend, l’opposant russe s’est présenté devant le tribunal de Moscou. Il faisait appel de la décision de la justice de le mettre en prison. Il n’a toutefois réussi qu’à alléger sa peine de 2 mois. Le tribunal a confirmé son emprisonnement pendant les 30 prochains mois.
Deux affaires étaient rejugées lors de ce passage devant la justice. La première traite d’une fraude fiscale relevée en 2014 et d’une volonté de s’échapper à la justice en partant dans un autre pays. La seconde est un cas de diffamation, officiellement perpétré par Navalny à l’encontre d’un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale.
Alexeï Navalny risque maintenant d’être envoyé dans un camp de travaux forcés. C’est ce qui est habituellement prévu lorsqu’un appel confirme la peine de prison, selon Ouliana Solopova, porte-parole du palais de justice de Moscou.