Alors que le projet du G7 d’imposer un plafonnement des prix sur le pétrole russe en est encore qu’à ses prémisses, les États-Unis persistent et signent : cette solution permettra de faire baisser les prix de l’énergie et donc, de mettre un terme à la crise actuelle. Quant à une éventuelle réaction de la Russie, il n’y aurait pas de quoi s’inquiéter.
Pourtant, cette proposition est loin de faire l’unanimité. Si certains, notamment les membres du G7, se sont montrés plutôt séduits par l’idée de plafonner les prix des exportations de pétrole russe, ce n’est en effet pas le cas de tout le monde. D’importants importateurs d’énergie russe, notamment l’Inde et la Chine, qui profitent de prix abordables, se sont en effet montrés plutôt réticents à cette idée. Évidemment, du côté de Moscou, la proposition ne passe tout simplement pas. Cela n’empêche toutefois pas les États-Unis de croire dur comme fer en cette solution.
Pour Amos Hochstein, coordinateur spécial pour les affaires énergétiques internationales du président Biden, si un plafonnement des prix du pétrole russe venait à être pleinement accepté à l’international, la Russie n’aurait pas d’autre choix que d’accepter son sort. Les options très limitées de la Russie forceraient Poutine à venir à la table des négociations.
« Nous voyons déjà des preuves sur le marché que la Russie vend son pétrole à des rabais importants », a déclaré Hochstein à Yahoo Finance. « Nous savons donc qu’ils sont prêts à le vendre au rabais pour pouvoir l’écouler, parce que franchement, ils ont des liquidités en banque, c’est vrai, mais ils n’ont rien d’autre », a-t-il souligné.
La peur d’un approvisionnement coupé
Si les États-Unis sont confiants, ce n’est pas le cas de tout le monde, notamment des pays européens qui dépendent des exportations russes. Le fait est qu’en matière d’énergie, les États-Unis sont beaucoup plus indépendants que l’Europe, en raison du fait qu’ils produisent une bonne partie de leurs besoins énergétiques.
De ce côté-ci de l’Atlantique, beaucoup s’inquiètent de la réaction du Kremlin à une telle sanction. Moscou pourrait en effet décider de couper purement et simplement ses approvisionnements vers l’Europe, ce qui pourrait avoir comme effet pervers de faire flamber encore plus les prix du pétrole.
Mais pour Hochstien, il n’y a (presque) rien à craindre, car la Russie est trop dépendante des revenus de ses exportations pour couper son approvisionnement. « Leur économie n’a rien d’autre. Ils produisent des armes et ils forent pour le pétrole et le gaz », a-t-il déclaré.
Aucun accord n’est cependant encore à l’ordre du jour. « Nous avons un accord de principe avec les grandes économies, mais pas un véritable accord », a concédé le coordinateur spécial de l’administration Biden. « Nous essayons de perfectionner le mécanisme de ce à quoi cela ressemblerait réellement et comment cela fonctionnerait », a-t-il ajouté.
Stopper le financement de la guerre
L’intérêt du plafonnement des prix du pétrole russe est double. Dans un premier temps, cela permettrait de faire chuter les prix des énergies et donc, d’alléger les pressions sur le secteur. Dans un second temps, cela mettrait un terme au financement de la guerre de Poutine en Ukraine.
L’exportation d’énergie représente une part importante de l’économie russe. Plus les prix du pétrole et du gaz naturel augmentent, plus la Russie gagne de l’argent qui, in fine, finance l’invasion ukrainienne. Ainsi, plafonner les prix du pétrole permettrait de mettre un frein aux projets militaires de Vladimir Poutine.
On notera cependant, comme l’a souligné un économiste consultant à Reuters, que plusieurs économies ont déjà tenté d’imposer un plafonnement des prix sur le marché, sans succès. Personne ne peut agir sur son île.