On dit souvent qu’il faut du temps avant que les taux d’intérêt élevés aient un impact sur l’économie réelle. Les taux d’intérêt à court terme sont déterminés par les banques centrales et augmentent déjà depuis 18 mois. Mais les taux d’intérêt à long terme ont une influence encore plus grande sur l’économie que les taux à court terme.
Une odeur de PIIGS : le taux d’intérêt à long terme a une plus grande influence sur l’économie que le taux directeur, et il monte en flèche

Pourquoi est-ce important ?
Les banquiers centraux sont pris entre le marteau et l'enclume. La hausse des taux d'intérêt à long terme représente un danger de récession pour les économies américaine et européenne, mais elle pourrait causer des dégâts encore plus importants. L'ironie d'un tel scénario est que plus les marchés financiers croient que les taux directeurs resteront élevés à long terme, plus il est probable que les banques centrales réduiront ces taux.Dans l’actualité : Les gouvernements et les entreprises doivent payer de plus en plus d’intérêts pour emprunter.
- Les taux d’intérêt à court terme, soit les taux directeurs sont fixés par les banques centrales, augmentent déjà depuis 18 mois.
- Les taux à long terme sont en théorie déterminés par le marché, en fonction de l’offre et de la demande.
15 ans de QE ont des conséquences
Zoom : En théorie, car pendant presque 15 ans, les banques centrales ont faussé les règles du marché avec leur assouplissement quantitatif (Quantitative Easing : QE) en prêtant massivement, directement ou indirectement, aux gouvernements et aux entreprises à des taux artificiellement bas voire négatifs.
- L’inflation en est la conséquence, et elle a maintenant mis les banques centrales hors-jeu.
- En conséquence, les règles du marché basées sur l’offre et la demande s’appliquent à nouveau aux taux d’intérêt à long terme. Et ils montent en flèche.
- C’est une mauvaise nouvelle, car selon les modèles standards, une augmentation du taux d’intérêt à long terme a un effet négatif quatre fois plus important sur la croissance économique qu’une augmentation du taux à court terme.
Qu’est-ce qui détermine le taux d’intérêt à long terme ?
Les taux d’intérêt à long terme sont déterminés par la croissance, l’inflation, mais aussi la situation financière d’un pays ou d’une région.
- Prenons la Belgique, où les prévisions d’inflation sont de 3,9% et les prévisions de croissance de 1,3%.
- Le taux d’intérêt à long terme devrait donc théoriquement être d’au moins 5,1%. À cela doit s’ajouter une « prime de risque » liée à la situation financière (dette publique = 106% du PIB) de notre pays.
- La Belgique a un gros déficit, mais fait partie de la zone euro. Notre pays est donc protégé par le parapluie sécuritaire de l’Allemagne. C’est pourquoi nous pouvons ajouter une prime de risque de « seulement » 0,5%. Résultat : un taux d’intérêt théorique de 5 à 5,5%. Nous n’en sommes pas encore là, mais nous nous dirigeons dans cette direction. Jeudi, nous étions à 3,62%.

Un parfum de PIIGS
Zoom arrière : En 18 mois, la Belgique est passée de taux d’emprunt négatifs à un taux de 3,6%. Cela ne se fait pas sans secousses.
- Souvenez-vous des PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne). Tous ces pays étaient au bord de la faillite pendant la crise de la dette (2009 – 2014). Emprunter de l’argent ou refinancer des prêts existants était devenu impossible.
- Dix ans plus tard, la plupart de ces pays ont réussi à redresser leur situation grâce à d’importantes réformes, souvent d’ordre social.
- Concernant les PIIGS, les politiciens savent que s’ils ne font pas leur travail, les marchés les y obligeront.
- Pour les autres pays, il s’agit d’éviter que cela n’aille si loin.
Ce qui fait référence en Europe, en matière de taux à long terme, c’est l’écart entre le taux allemand et italien. Or le taux italien à long terme est monté au-dessus des 5%. Mais le taux allemand a lui aussi grimpé pour atteindre les 3%. Ce qui fait un écart de plus ou moins 200 points. Au plus fort de la crise de la dette, cet écart était de 500 points. Il reste donc de la marge. Mais cette hausse des taux à long terme doit être surveillée de près.