Pendant qu’un Belge sur trois s’inquiète de la 5G, la France passe à la phase suivante

Les enchères pour l’attribution des fréquences radio du futur réseau 5G ont été officiellement lancées en France ce mardi matin. Bouygues Telecom, Free, SFR et Orange vont s’affronter à coups de centaines millions, avec la fin de l’année comme objectif pour une mise sur le marché des premiers forfaits. Pendant ce temps, en Belgique, le processus reste suspendu à l’instauration d’un gouvernement de plein exercice.

Les enchères 5G ne devraient pas s’étaler sur plus de deux semaines et elles rapporteront plusieurs milliards d’euros aux caisses de l’État français. Les premiers clients de Bouygues Telecom, Free, SFR et Orange pourront vraisemblablement souscrire un abonnement à l’Internet mobile ultra-rapide avant la fin de l’année.

La procédure d’attribution des fréquences radio de la bande 3,5 GHz aurait dû avoir lieu il y a plusieurs mois, mais la crise sanitaire passant par-là, les enchères n’ont finalement lieu qu’en ce début d’automne. De quoi faire de la France une trainarde au niveau européen: au Royaume-Uni, en Espagne, en Allemagne ou encore en Italie, bon nombre de villes bénéficient déjà d’une couverture.

Une décennie

Selon une étude d’Ericsson citée par Les Echos, 3,5 millions de Français pourraient passer à la 5G au cours des 12 prochains mois. Des chiffres impressionnants, mais qui doivent toutefois être relativisés. En effet, la majorité des utilisateurs ne devrait pas constater d’évolution flagrante dans l’immédiat, la faute à un déploiement très lent.

Comme le rapporte le site de BFMTV, les quatre opérateurs se sont engagés auprès de l’Arcep, le régulateur français des télécoms, à déployer 10.500 antennes 5G d’ici 2025. Le réseau 4G compte pas moins de 48.000 relais actifs. Il devrait donc falloir environ une décennie pour atteindre le même niveau de couverture. D’ici à la fin 2021, ce ne sont que quelques centaines d’antennes qui seront mises en service par chacun des opérateurs français.

Quant à la vitesse de connexion, elle sera sensiblement supérieure à celle du réseau 4G, mais pas encore dans les proportions révolutionnaires que l’on nous fait miroiter pour l’avenir.

Méfiance

Mais la défiance et la méfiance envers cette nouvelle technologie mobile restent fortes, en France comme en Belgique.

‘La question de la 5G est assez « polarisante »’, confirme Vincent Fosty, responsable du secteur Technologie, médias et télécommunications de Deloitte Belgique, dans La Libre. ’Entre ceux qui pensent qu’il y a des risques et ceux qui sont neutres, cela représente quand même un nombre important de gens qui ne sont pas « pour ». Il y a un vrai travail d’information à effectuer sur le sujet, notamment via le prisme de la santé.’

Selon un sondage réalisé par le cabinet d’audit, un Belge sur trois estime en effet que la 5G comporte des risques pour la santé. L’enquête portait sur environ 2.000 personnes.

‘Une compréhension limitée de la 5G et de ses capacités’

‘Dans toutes les tranches d’âge, un tiers des personnes interrogées pensent que la 5G pose des problèmes de santé’, nous détaille encore Tim Paridaens, de Deloitte. Et ‘2 personnes sur 3 en Belgique ont une compréhension limitée de la 5G et de ses capacités.’

En effet, à peine 40% des répondants belges se sont dits convaincus que la 5G leur offrira une meilleure connectivité mobile. Dans une enquête similaire menée par Deloitte aux États-Unis, 67% des personnes interrogées avaient déclaré qu’elles pourraient passer à un smartphone compatible 5G lorsqu’un tel réseau sera disponible dans leur région.

La Belgique en retard

Mais au train où vont les choses dans notre pays, il faudra encore un certain temps avant de voir la technologie 5G être définitivement sur les rails. Selon une directive européenne, les deux premières bandes radio doivent être mises aux enchères avant la fin de l’année. Mais l’absence longue durée d’un gouvernement fédéral de plein exercice – un problème en passe d’être résolu -, ce ne sera vraisemblablement pas le cas.

Car le fédéral et les Régions doivent encore s’entendre sur la répartition des revenus qui seront générés par la mise aux enchères des fréquences. On parle tout de même de plus de 800 millions d’euros. Et les entités fédérées semblent vouloir une plus grosse part du gâteau que les 20% jusqu’ici évoqués.

En attendant que la situation se débloque, le régulateur des télécommunications, l’IBPT, a donné cet été une autorisation provisoire à 5 opérateurs (Cegeka, Entropia, Orange, Proximus et Telenet) afin qu’ils puissent tester les applications de la 5G. A priori, on retrouvera les mêmes acteurs lors de la mise aux enchères. Reste à voir quand celles-ci auront lieu…

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