Paul Magnette (PS) pousse mais doit patienter: il est encore trop tôt pour l’arc-en-ciel

ANALYSE. Une certitude: la méthode de Paul Magnette fait l’unanimité. C’est pourquoi le tout frais président du PS a vu sa mission prolongée par le roi jusqu’au 25 novembre. Mais le plus gros morceau est encore devant lui: sortir la N-VA en douceur.

Tant que Paul Magnette avance en vue d’établir une coalition, il verra sa mission d’informateur prolongée par le roi. Ce qui a le mérite de ne pas l’enfermer dans un calendrier, même s’il lui faudra montrer chaque semaine des résultats.

Sa méthode reste la même: dégager un consensus autour de cinq grandes thématiques: l’emploi, la précarité, la justice, le climat et la migration. Cinq? Dites maintenant six ! ‘La modernisation de l’Etat’ fait sa joyeuse entrée. Un cache sexe pour parler communautaire? Les discussions seront ‘sans tabou’, expliquait ce lundi Paul Magnette en conférence de presse. Même s’il exclut bien évidemment le confédéralisme. ‘Il n’y a d’ailleurs aucune majorité des deux tiers’, glisse-t-il à ceux qui lui font remarquer qu’il a peut-être fait entrer le loup dans la bergerie.

La volonté de Paul Magnette est toujours la même: que la N-VA se retire de la course fédérale. Ce que Bart De Wever ne lui offrira pas sur un plateau. Les discussions entre les deux hommes, pour la première fois en tête à tête lors de ces négociations, ont d’ailleurs été par moment tendues, nous glisse-t-on. Paul Magnette aurait même asséné à son adversaire politique un ‘tu veux partir? Eh bien sors !’. La menace n’a pas pris. Bart De Wever a poursuivi les discussions sur base des notes récoltées par le président des socialistes.

Du changement en vue pour l’Open VLD et le CD&V?

La N-VA ne veut pas partir précipitamment pour plusieurs raisons. D’abord, elle ne serait pas opposée à prendre ses responsabilités à ce niveau de pouvoir. Une fois n’est pas coutume, Theo Francken et même Sander Loones poussent dans cette direction. Pas habituel pour le monsieur communautaire de la N-VA. Ensuite, la N-VA, si elle devait quitter les négociations, voudra le faire payer à l’Open VLD et au CD&V. Ces deux partis doivent prendre leurs responsabilités mais prennent le risque de se mettre une majorité de la Flandre à dos, car un arc-en-ciel placerait de toute façon le nord du pays en minorité.

C’est la plus grande tâche de Paul Magnette s’il veut réaliser une coalition sans la N-VA: convaincre ces deux partis qui ont pourtant réaffirmé leur préférence pour une aventure fédérale avec les nationalistes. Mais ils sont toujours autour de la table, preuve que les discussions vont dans le bon sens et que les positions peuvent évoluer. On sait les libéraux pas très chauds de s’embarquer avec les écologistes, ces derniers seraient-ils mis dans la balance? Et l’élection à la présidence du CD&V entre Joachim Coens et Sammy Mahdi changera-t-elle la donne?

Résumons: la méthode est la bonne, Paul Magnette connait les priorités de chaque parti, et il sait vers quoi il veut aller: l’arc-en-ciel. Il lui reste le plus compliqué: trancher, en excluant la N-VA de manière élégante. Sinon, on connait la suite: les deux plus grands partis de chaque communauté devront se faire (à nouveau) face. Les nationalistes pourraient alors se montrer bien plus gourmands en matières communautaires.

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