Passer de Facebook à Meta, bonne opération de com’ ou gros échec de Zuckerberg ? A priori, c’est la seconde option

Il y a bientôt deux semaines, Mark Zuckerberg a annoncé que la société mère gérant, entre autres, Facebook, Instagram et What’s App, changeait de nom. De Facebook, elle passait à Meta. Une opération dans laquelle certains observateurs voyaient un coup de com’ (un peu désespéré) pour redorer un blason fortement délavé. Visiblement, c’est raté.

Au lendemain de ce rebranding, nous vous expliquions que la décision de Mark Zuckerberg s’assimilait à mettre du rouge à lèvres sur un cancer. Et, on le sait, du rouge à lèvres, ça ne tient pas très longtemps. La preuve avec la publication d’un rapport élaboré par le sondeur américain Harris Brand Platform.

Harris Brand mesure régulièrement l’indice de confiance du public envers les plus grandes entreprises, dont Facebook. A la mi-septembre, celui-ci se situait autour des 16% – ce qui, en soi, est déjà peu glorieux. Les semaines suivantes, ce score a fortement décliné, jusqu’à atteindre 5,8% début octobre.

La raison de cette dégradation de l’indice de confiance envers Facebook porte un nom: Frances Haugen. Cette ex-employée a claqué la porte, emportant avec elle des milliers de documents internes. Elle a ensuite contacté quelques-uns des plus grands médias américains pour leur livrer des informations très compromettantes: les Facebook Files.

En bref, Frances Haugen a prouvé comment son ex-employeur rangeait au placard la lutte contre les discours haineux et la désinformation dans le seul but de faire du profit. Une politique qui a par exemple mené (et qui mène toujours) Facebook/Meta à laisser un cartel de la drogue faire de l’autopromotion sur ses réseaux sociaux ou à permettre à des trafiquants d’être humains de proposer leurs services sur ses plateformes.

L’ancienne employée de Mark Zuckerberg a également été amenée à témoigner devant les plus hautes instances politiques. Elle a notamment été entendue par le Congrès aux Etats-Unis, avant de franchir l’Atlantique et de dénoncer les pratiques de Facebook auprès des députés britanniques et, cette semaine, des eurodéputés à Bruxelles. L’occasion, aussi, de s’entretenir avec le Premier ministre belge Alexander De Croo. Elle poursuivra ensuite sa tournée européenne à Paris.

Meta fait retomber le score

D’après les analyses de Harris Brand, qui comptent pour les Etats-Unis, le score de confiance de Facebook est remonté après la semaine qui a vu Frances Haugen témoigner devant le Congrès. Et donc quitter l’Amérique pour le Vieux Continent. Ce qui tend à confirmer que si les internautes peuvent vite se fâcher… ils oublient également très rapidement.

Ainsi, durant la deuxième moitié du mois d’octobre, l’indice de confiance du public envers l’entreprise de Mark Zuckerberg est repassé au-dessus de la barre des 10%. Avant une nouvelle chute, survenue à la fin du mois. Et qui coïncide avec le changement de nom en Meta. Après l’annonce de rebranding, la réputation de la firme a perdu 5 points, retombant à 6,2%, selon les données du rapport, publié par le magazine américain Fast Company.

Evolution du taux de confiance du public envers Facebook/Meta ces dernières semaines aux USA. (Fast Company/Harris Brand)

Ce n’est pas forcément une surprise. Bon nombre d’analystes avaient assimilé ce rebranding à la volonté d’offrir un lifting à une entreprise à la réputation nettement entachée, mais très peu pensaient que cela fonctionnerait. Pour que Meta redore vraiment son blason, elle devra s’atteler à des transformations en profondeur. Et, pourquoi pas, voir Mark Zuckerberg faire un pas de côté afin de mettre de place un nouveau visage à la tête de la société.

De son côté, le patron de Meta a toujours assuré que ce changement de nom n’avait rien à voir avec les scandales dans lesquels son joujou était empêtré. Il le crie à qui veut l’entendre: l’objectif est uniquement de mettre en lumière le métavers, son très ambitieux projet de monde virtuel.

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