Opération lifting: Meta prend une première décision majeure pour Facebook, motivée par des raisons éthiques

Jeudi dernier, Mark Zuckerberg a annoncé le rebranding de son entreprise Facebook en Meta. L’occasion pour la société-mère des réseaux sociaux Facebook et Instagram (entre autres) de faire peau neuve. Et de diriger les projecteurs ailleurs que vers les graves problèmes dans lesquels elle est enlisée. A cet effet, Meta vient de prendre une grande décision en vue de regagner (un peu) la confiance ses utilisateurs.

Ce mardi, Meta a annoncé sur son blog qu’elle allait mettre fin au système de reconnaissance faciale sur Facebook « dans les semaines à venir ». Cette technologie permet notamment au réseau social de reconnaître les personnes présentes sur une photo. Plus d’un milliard d’utilisateurs avaient accepté d’être reconnus par l’algorithme de Facebook: toutes leurs données seront effacées.

Selon le vice-président de Meta chargé de l’intelligence artificielle, Jerome Pesenti, ce changement s’inscrit dans le cadre d’un « mouvement à l’échelle de l’entreprise visant à limiter l’utilisation de la reconnaissance faciale dans nos produits ».

M. Pesenti explique que Meta a « mis en balance les avantages de la reconnaissance faciale » (elle permet par exemple d’indiquer aux personnes aveugles les protagonistes d’une photo) avec « les préoccupations croissantes concernant l’utilisation de cette technologie dans son ensemble ».

Controverses

Il faut dire que dans de nombreux pays, il n’existe toujours pas de règlementation claire concernant l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale, ce qui suscite pas mal de préoccupations de la part des experts en sécurité et en protection de la vie privée quant aux abus potentiels de ces systèmes. Au-delà des inquiétudes de certains experts, certains utilisateurs de Facebook ont déjà fait part de leurs craintes vis-à-vis de cette technologie et ses risques relatifs à la protection de la vie privée.

Une controverse avait même fortement porté préjudice à Facebook il y a deux ans. Le réseau social avait été accusé de violer la loi sur la confidentialité biométrique dans l’Illinois. L’entreprise avait été sanctionnée par une amende de 650 millions de dollars en février dernier.

Comme le souligne le média SlashGear, ces préoccupations ont donné lieu à la création d’outils pour se défendre face à la reconnaissance faciale. Par exemple, des chercheurs l’université de Chicago ont présenté une plateforme appelée Fawkes. Elle consiste à apporter de minuscules modifications imperceptibles à un selfie, de sorte que lorsqu’il est téléchargé sur Facebook, le système de reconnaissance faciale apprend les « erreurs » ajoutées à l’image, ce qui réduit l’efficacité globale de l’IA pour identifier l’utilisateur.

Pas totalement fini

Meta qualifie lui-même sa décision de stopper l’utilisation de sa technologie de reconnaissance faciale sur Facebook comme « l’un des changements les plus importants dans l’utilisation de la reconnaissance faciale dans l’histoire de la technologie ».

L’entreprise de Mark Zuckerberg n’abandonne toutefois pas totalement la technologie, dans laquelle elle dit voir un « outil puissant, par exemple, pour les personnes qui ont besoin de vérifier leur identité, ou pour prévenir la fraude et l’usurpation d’identité ».

« Nous pensons que la reconnaissance faciale peut être utile pour des produits comme ceux-là, avec la mise en place de la confidentialité, de la transparence et du contrôle, afin que vous décidiez si et comment votre visage est utilisé. Nous continuerons à travailler sur ces technologies et à faire appel à des experts extérieurs », indique Meta.

Dans la note de blog, le vice-président de Meta pour l’IA explique ainsi que Facebook cherche à augmenter l’utilisation de la reconnaissance faciale sur appareil, ce qui signifie que le processus d’authentification se déroulerait entièrement sur leur propre smartphone, tablette ou ordinateur de l’utilisateur. Grâce à cette technologie, les données faciales de l’utilisateur ne seraient pas partagées avec un serveur externe. Un ajustement qui aurait le « potentiel » de conserver les aspects positifs de la reconnaissance faciale, tout en évitant les problèmes liés à la confidentialité, conclut Meta.

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