« On risque de remplacer une crise sanitaire par une autre »: pourquoi le maire de Londres craint que la pandémie soit une alliée de la pollution

Dans les premiers mois qui ont suivi le début de la pandémie de coronavirus, le monde s’est réjoui d’une baisse globale des émissions de CO2. Quoi de plus normal, avec une bonne partie de la population confinée. Avec la reprise, les émissions sont revenues à leurs niveaux pré-corona. Là aussi, sans grande surprise. Le maire de Londres, Sadiq Khan, craint à présent que la pandémie ne soit même devenue un facteur aggravant pour la pollution. Explications.

Moins de deux semaines après la fin de 2021, les données doivent encore être consolidées. Toutefois, une chose est sûre: l’an dernier, le monde a émis quasiment autant de dioxyde de carbone qu’en 2019, année lors de laquelle un record absolu de 36,7 gigatonnes de CO2 avait été établi. Selon une étude publiée en novembre par le Global Carbon Project, un consortium de scientifiques internationaux qui étudie les « budgets » carbone mondiaux.

La chute de 5,4% (34,8 gigatonnes) enregistrée grâce aux confinements de 2020 est déjà de l’histoire ancienne.

Ça, c’est pour le global. Au niveau local, rien de plus réjouissant, selon le maitre de Londres, Sadiq Khan. Pour lui, la pandémie pourrait même être devenue une accélératrice de la pollution dans la capitale britannique.

Les transports en commun bien moins utilisés

Pour échapper au virus, les Londoniens ont décidé d’éviter les transports en commun. L’utilisation du métro a quasiment chuté de moitié (-45%) par rapport au niveau pré-pandémique. La fréquentation du bus a quant à elle baissé de 30%, rapporte le Guardian. A la place, les habitants de la capitale britannique se tournent vers le vélo, la marche et… la voiture.

Grâce à de nouvelles pistes cyclables et à davantage d’espaces réservés aux piétons, la pratique de la marche et du vélo a augmenté de 9% en 2020. Pourtant, par rapport à la voiture, la proportion des trajets effectués à pied, à vélo et en transports publics est tombée à 58,3%, contre 63,2% en 2019. La faute, donc, à la désertion des transports publics causée par le Covid-19.

Entre 2011 et 2019, le nombre total de kilomètres parcourus sur les routes londoniennes est passé de 19,1 milliards à 22,6 milliards. En 2020, le chiffre a tout de même été de 18,7 milliards de miles, malgré les lockdowns.

« Le coût pour les Londoniens ne peut pas être sous-estimé »

Ces chiffres ont amené le maire de Londres à mettre en garde ses citoyens. Selon lui, continuer à privilégier la voiture pourrait même amener à une nouvelle crise sanitaire. Sans compter les dégâts sur l’économie provoqués par les embouteillages.

« Alors que nous avons fait d’énormes progrès en augmentant la marche et le vélo à Londres tout au long de la pandémie, l’utilisation de la voiture est restée constamment élevée. Si nous ne redoublons pas d’efforts pour offrir un avenir plus vert et plus durable, nous remplacerons une crise de santé publique par une autre, causée par un air pollué et des routes engorgées », a prévenu M. Khan, cité par le Guardian.

« Le coût pour les Londoniens et la capitale ne peut pas être sous-estimé, avec les jours perdus dans les embouteillages, les milliards perdus pour l’économie, et l’augmentation des dangers de la route et des impacts sur la santé. La plupart des embouteillages sont dus à une demande trop importante pour un espace routier limité, ce qui signifie que la seule solution à long terme consiste à réduire considérablement l’utilisation de la voiture au profit de moyens de transport plus écologiques », a-t-il ajouté.

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