« Le gazoduc le plus controversé au monde » : une source russe d’énergie et de vives tensions pour l’Europe

L’imposante installation en Allemagne, prête à fournir 55 milliards de mètres cubes à l’Europe chaque année, n’attend plus que le feu vert réglementaire. Mais l’opposition de certains décideurs européens se montre farouche. Une controverse politique qui choisit mal son moment alors que les prix de l’énergie flambent partout sur le continent.

Nord Stream 2. Un gazoduc qui part de Russie, contourne l’Ukraine et la Pologne pour rejoindre 1200 kilomètres plus loin la zone côtière de Lubmin en Allemagne. L’imposant gazoduc est terminé et pourrait déjà fournir quantité de gaz naturel à l’Europe. Mais cela coince au niveau géopolitique, comme l’épingle le média américain CNBC.

Certains législateurs européens souhaiteraient enfin sortir de cette dépendance à l’énergie russe, à la grande satisfaction des Etats-Unis (qui en profiteraient pour vendre davantage de gaz naturel). Cependant, l’administration Biden n’a pas suffisamment pesé sur le dossier afin que la structure ne voie jamais le jour. Pour rappel, la majorité du gaz naturel entrant en Union européenne provient de Russie (43% en 2020 selon Eurostat).

Kiev et Varsovie sont elles aussi opposées au gazoduc. L’Ukraine invoque un impact économique négatif, s’inquiétant à l’idée de voir ses conduites vidées d’une partie de leurs flux de gaz naturel, ce qui lui enlèverait une source de revenus alors que l’économie ukrainienne est déjà en difficulté. D’autres voix se soulèvent pour critiquer l’impact environnemental d’un tel pipeline russe, incompatible avec les objectifs climatiques de l’UE.

Du côté du Kremlin et des parlementaires allemands, le gazoduc Nord Stream ne constitue qu’un simple nouveau contrat. Le président russe, Vladimir Poutine, a insisté auprès de CNBC sur le fait que le projet était « purement commercial ».

Sur papier, Nord Stream 2 joue la carte de l’efficacité, empruntant une route plus courte que les gazoducs ukrainiens, et du bon marché, demandant notamment moins d’entretien compte tenu de sa nouveauté.

Dans un briefing du parlement européen, les rapporteurs indiquaient que les coûts globaux du gazoduc russe s’élevaient à 11 milliards de dollars, tandis que la remise à neuf des pipelines ukrainiens ou leur remplacement coûteraient entre 12 et 17,8 milliards $.

Cette polémique entourant Nord Stream 2 est d’autant plus malvenue que l’Europe traverse une crise énergétique. La pression haussière sur les prix du gaz et de l’électricité met à mal les finances des ménages et pourrait sérieusement interférer avec la relance économique. Les mesures que doivent prendre les dirigeants européens devraient chercher à atténuer les effets de cette crise.

Vladimir Poutine en a parfaitement confiance et a déjà clairement affirmé que la Russie pouvait fournir plus de gaz à l’Union européenne, si elle le demandait. Se défendant d’utiliser l’énergie comme levier géopolitique, le président russe a encore remémoré que « même pendant les moments les plus difficiles de la guerre froide, la Russie a régulièrement rempli ses obligations contractuelles et a fourni du gaz à l’Europe ».

Nord Stream 2 pose donc un conséquent dilemme pour l’Europe qui doit choisir entre un soulagement à court terme et les enjeux climatiques et géopolitiques à plus long terme.

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