Les réformes du marché du travail devraient permettre à davantage de personnes de trouver un emploi, mais si le système fiscal belge ne suit pas, il échouera. Notre système d’imposition des personnes n’est pas seulement incroyablement complexe, il est aussi particulièrement décourageant pour le travail. Car le travail ne paie pas en Belgique. Voici trois conseils fiscaux qui peuvent vous faire gagner de l’argent.
Conseil 1 : modérez vos ambitions, ne travaillez pas trop et ne gagnez pas trop
En Belgique, le taux d’imposition est de 50% à partir d’un revenu annuel imposable supérieur à 42.370 euros. Les communes ont également une part et prélèvent ce que l’on appelle des « surtaxes » (en moyenne environ 7 %), ce qui porte le taux à 53,5% pour la plupart de la classe moyenne belge. (Le salaire minimum se situe déjà dans la tranche des 40%). Vous pouvez ensuite appliquer toutes sortes de déductions, qui créent à leur tour d’autres déséquilibres et une complexité supplémentaire.
À titre de comparaison : aux Pays-Bas, vous payez un maximum de 49,50 % à partir de 68.508 euros, en France vous payez un maximum de 45% à partir de 157.807 euros. L’Allemagne fait encore mieux avec un maximum de 45% à partir de 270.500 euros de revenu imposable. Il est difficile de comparer différents systèmes fiscaux nationaux, mais la conclusion demeure : la Belgique taxe le travail comme s’il s’agissait d’une substance radioactive.
En fait, il serait même préférable de rester à la maison, car si vous percevez des allocations de chômage, vous bénéficiez d’une réduction d’impôt de 1.828 euros par an. Une réduction d’impôt qui profite principalement aux chômeurs de longue durée. Coût annuel pour le Trésor public : environ 346 millions d’euros.
Conseil 2 : Avoir de préférence 4 enfants
Chaque contribuable reçoit une allocation non imposable. Il s’agit, comme le dit le mot, d’un montant de base sur lequel aucun impôt n’est payé. En 2022, il sera de 9.270 euros par an pour chaque personne imposable.
Toutefois, si vous avez des enfants à charge, ce montant sera augmenté de 9.730 euros pour trois enfants et de pas moins de 15.740 euros pour quatre enfants. À partir de quatre enfants, vous ne payez donc pas d’impôts sur un revenu imposable d’au moins 25.470 euros.
Bien sûr, l’objectif de ces allocations supplémentaires est justifié dans un certain sens, mais on peut se demander si ces rabais pour les familles nombreuses sont encore appropriés dans une société où l’on compte de plus en plus de petites familles à deux revenus (avec une moyenne de 1,7 enfant), de familles monoparentales et de familles recomposées.
En outre, un crédit d’impôt pour les enfants à charge a également été introduit en Belgique. Mais dans certains cas, les familles nombreuses ne peuvent pas profiter pleinement de ce crédit d’impôt particulièrement important. Pour remédier à cette situation, la partie non utilisée de la somme exonérée d’impôt pour les enfants à charge est convertie en un crédit d’impôt remboursable, avec un maximum de 470 euros par enfant à charge. Vous récupérez donc vos impôts, même si vous n’en payez pas. Coût pour le trésor public : environ 247 millions d’euros.
Conseil 3 : se marier ou divorcer
Si vous avez un ou une partenaire, vous pouvez également avoir envie de commencer à vivre ensemble. L’inconvénient est que pour le fisc, vous êtes alors un contribuable célibataire, et le célibataire belge est le plus lourdement taxé de toute l’OCDE.
Si la passion est trop forte, alors il faut se marier. Mais veillez à ce que votre partenaire ne gagne pas trop. Vous pourrez alors bénéficier de ce que l’on appelle le « quotient conjugal ». Cela signifie qu’une partie des revenus professionnels du partenaire qui travaille sera attribuée à l’autre partenaire, 11 450 euros de revenus sont ainsi moins ou non imposés. Le partenaire qui travaille est moins imposé et les deux en profitent.
Cette mesure date d’une époque où le modèle du soutien de la famille était encore la norme et n’encourage donc en rien les gens à travailler davantage. Chaque année, la Commission européenne souligne également ces incitations à ne pas travailler. Coût annuel pour le trésor public : environ 584 millions d’euros.
Cependant, il peut aussi être fiscalement intéressant de « divorcer » de son partenaire de travail. Notre législation belge subventionne en fait les partenaires divorcés. Le partenaire qui travaille peut alors verser une pension alimentaire à l’autre et déduire de 80 % cette pension. Le coût annuel pour le trésor public est d’environ 187 millions d’euros.
Conclusion
- En Belgique, on travaille et on ne gagne pas beaucoup.
- Si vous avez un partenaire, l’un d’entre vous doit rester à la maison.
- Prenez soin de 3 ou 4 enfants et essayez de maintenir vos revenus aussi bas que possible.
Le gouvernement vous aide en versant chaque année environ 1,3 milliard d’euros, sans parler des nombreux avantages sociaux tels que l’augmentation des allocations familiales, les tarifs sociaux de l’énergie, les services de garde d’enfants moins chers, etc.
Une fiscalité équitable ne signifie pas qu’il faut taxer encore plus les salariés, les indépendants et les entreprises, mais qu’il faut faire en sorte de transformer la subvention à grande échelle de la passivité en une récompense pour le travail et l’ambition. Moderniser le système fiscal, le rendre neutre par rapport au type de famille et réduire les charges sur le travail pour que travailler soit enfin rentable.
L’auteur Wesley De Visscher est conseiller en affaires fiscales au bureau d’études N-VA et écrit en son nom propre.