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L’Italie veut favoriser les paiements en espèces, la banque centrale pense que c’est une très mauvaise idée

L’Italie veut favoriser les paiements en espèces, la banque centrale pense que c’est une très mauvaise idée
Giorgia Meloni (Foto: ALBERTO PIZZOLI/AFP via Getty Images)

Giorgia Meloni, la toute nouvelle première ministre italienne, propose dans son projet de budget 2023 de donner aux commerçants italiens le droit de refuser les paiements numériques pour certaines transactions. Ce faisant, elle remplit une promesse de campagne qui va directement à l’encontre de ce que décide l’Union européenne.

Pourquoi est-ce important ?

Les petits entrepreneurs italiens, en particulier, veulent maintenir le cash en circulation. Ils considèrent les frais facturés par les banques pour les paiements numériques comme une charge supplémentaire. Meloni veut maintenant permettre aux entreprises de refuser les paiements numériques lorsque le total est inférieur à 60 euros. La limite pour les achats en espèces serait portée de 1.000 à 5.000 euros.

Dans l’actu : Alors que Bruxelles, poussée entre autres par la pandémie, poursuit l’intégration des paiements numériques, le nouveau gouvernement italien va dans la direction opposée.

  • C’est étonnant, car les précédents dirigeants de Rome espéraient s’attaquer à l’évasion fiscale généralisée dans le pays en numérisant les paiements.

Les chiffres : la réussite de Rome n’a pas vraiment été à la hauteur de cette intention :

  • Les consommateurs italiens utilisent une carte de débit en moyenne 85 fois par an, contre 156 fois en moyenne pour les consommateurs européens.
  • Mais lorsque les Italiens sortent leur carte de paiement, ils facturent en moyenne 47,5 euros, l’une des moyennes les plus élevées de l’UE.
  • Les grandes entreprises paient généralement des frais compris entre 0,5 et 1,5% aux banques et aux fournisseurs de services de paiement pour les transactions numériques. Les petites entreprises doivent souvent payer encore plus.
  • Malgré cela, les paiements numériques en Italie continuent de croître. Au cours du premier semestre 2022, le pays a enregistré une croissance de 22% par rapport à la même période de l’année précédente.

Contre-productif

  • Bruxelles n’a pas encore réagi à ces projets. Dans le Financial Times, Antonella Trocino, de l’université Luiss de Rome, affirme que « ceux qui veulent développer de nouveaux services de paiement modernes n’ont d’autre choix que de suivre l’autoroute numérique ». « La solution au problème ne réside donc pas dans la réintroduction de l’argent liquide, mais dans des accords appropriés sur qui supporte quels coûts. »
  • Pour sa part, la Banque centrale italienne trouve que ce projet de budget va à l’encontre de la lutte contre la fraude fiscale et risque de stimuler le marché noir. Témoignant au Parlement, Fabrizio Balassone, directeur du département de recherche économique de la Banque d’Italie, a déclaré lundi que le plafonnement des paiements en espèces était justement un outil important pour décourager l’évasion fiscale et d’autres formes d’activités illégales.
  • Meloni n’est pas de cet avis : « Il est faux que la possibilité d’utiliser des espèces encourage l’évasion fiscale », a déclaré la Première ministre italienne dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux dimanche. « Une personne qui veut frauder, fraude de toute façon (…). Paradoxalement, plus le plafond d’argent liquide est bas, plus l’évasion est probable. »

(CP)

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