“L’homme occidental blanc ne convient plus à la Rotterdam actuelle”

Les noms de rue à Rotterdam doivent dorénavant faire référence à des femmes ou à des minorités. Le collège échevinal de la ville portuaire a accepté une proposition en ce sens.

« Pour rendre réelle une plus grande diversité culturelle, des décisions politiques doivent être prises qui, lors d’attributions de noms, donnent la préférence à des personnalités féminines ou à des groupements de notre société. La diversité prime », affirme Bert Wijbenga, l’échevin de l’Application de la loi, de l’Intégration et des Loisirs de Rotterdam. Il détient les portefeuilles de la maintenance, des espaces extérieurs, de l’intégration et de la cohabitation.

La proposition a été déposée, il y a presqu’un an par Nadia Arsieni, conseillère D66. Elles s’est déclarée heureuse que la proposition a été acceptée par la municipalité.

« Une étude a fait apparaître qu’un grand nombre de rues porte le nom d’hommes d’origine occidentale. Cela ne correspond plus à la Rotterdam actuelle. »

Les hommes prédominent dans les noms de rues occidentales

Il est difficile de nier ce fait. Les Hongrois ont baptisé des dizaines de rues du nom de leur poète national Petofi Sandor. Bien des villes italiennes ont leur rue Dante, Mazzini, Garibaldi ou Verdi. A Paris, 31% des rues portent le nom d’un homme. Les noms de femmes suivent loin derrière avec à peine 2,6% et dans ce cas, le nom de la mère de Jésus domine.

« Ceci n’est pas une rue »

A Bruxelles, cet été, 28 nouveaux noms de rues ont été approuvés, parmi lesquels seulement deux noms de femmes. Cet honneur a été dévolu à la première femme médecin et féministe Isala Van Dienst et à la cinéaste Chantal Akerman. Par contre, la capitale européenne compte nombre de rues qui évoquent des spécialités nationales. Il existe ainsi un passage de la Kriek, un du Spéculoos, un de la Frite et un du Stoemp. Une autre rue a reçu le nom « Ceci n’est pas une rue » en hommage au surréaliste bruxellois, René Magritte.

Selon les bonnes habitudes belges, les plaques de ces noms de rues ne sont pour tout de suite. « Tout d’abord, les Commissions royales francophone et néerlandophone de la toponymie doivent rendre un avis (non contraignant) et c’est le collège de la ville de Bruxelles qui doit donner le feu vert. »

Des groupes féministes prennent la chose en main

A Paris, un groupe d’action a rebaptisé le Pont au Change en rue Joséphine Baker, en hommage à l’artiste résistante française. La plaque « Boulevard du Palais » a été recouverte par un autocollant qui rend honneur à la philosophe du dix-huitième siècle, Emilie du Châtelet. A Amsterdam, en août, le Rokin est devenu éphémèrement le Boulevard Beyoncé. A Madrid, des groupes féministes se sont affairés au remplacement du nom de la place Margaret Thatcher. Mais l’alternative imaginée est… Nikola Tesla, le scientifique serbo-américain.

Cependant, les autorités ne restent pas inactives. C’est ainsi que depuis septembre, Bruxelles a sa place Jo Cox, en hommage à la parlementaire britannique assassinée en 2016.

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