Prémisse de ce que sera le métavers selon Mark Zuckerberg, la plateforme Horizon Worlds de Meta a du mal à convaincre. Un problème qui ne concerne pas uniquement les utilisateurs lambdas. Même en interne et plus particulièrement au sein même des développeurs, l’expérience proposée déçoit. De quoi rendre la promotion d’Horizon Worlds encore plus difficile : comment vendre un produit qui ne nous plait pas ?
Plusieurs notes internes récupérées par The Verge confirment une fois de plus que les premiers pas de Meta dans le monde virtuel ne se déroulent pas comme prévu. Le problème ne vient pas (totalement) d’un manque d’intérêt de la part des utilisateurs, mais bien des développeurs qui participent au projet – et cela ne joue pas en la faveur d’Horizon Worlds. Pourquoi délaissent-ils leur propre création ? Parce qu’elle est plutôt mauvaise, semble-t-il.
Lancée en décembre 2021 outre-Atlantique et déployée en Europe en août dernier, Horizon Worlds souffrirait de nombreux problèmes de qualité. Une rumeur que Vishal Shah, le vice-président du métavers de Meta, a confirmée bien malgré lui dans une note récupérée par le média américain. Dans son message adressé à ses équipes, il indique que le reste de l’année sera consacrée à améliorer la qualité du jeu, afin de « s’assurer que nous corrigeons nos lacunes de qualité et nos problèmes de performances avant d’ouvrir Horizon à davantage d’utilisateurs ».
Horizon Worlds, version bêta du métavers
La plateforme de Meta permet aux joueurs de s’immerger dans un monde virtuel, d’incarner un avatar, de construire des structures et d’interagir avec les autres utilisateurs. Pour l’heure, le jeu n’est disponible que via le casque de réalité virtuelle de Meta, mais il devrait prochainement arriver sur mobile et smartphone via une version web. Un lancement qui pourrait être repoussé vu les messages échangés en interne, afin que les équipes aient le temps de peaufiner l’expérience.
« Depuis le lancement à la fin de l’année dernière, nous avons constaté que la thèse centrale d’Horizon Worlds – un réseau social synchrone où les créateurs peuvent construire des mondes engageants – est forte », a écrit Shah dans une note envoyée le mois dernier. « Mais actuellement, les retours de nos créateurs, utilisateurs, testeurs et de beaucoup d’entre nous dans l’équipe sont que le poids cumulé des coupes budgétaires, des problèmes de stabilité et des bugs rend trop difficile pour notre communauté de vivre la magie d’Horizon. En d’autres termes, pour qu’une expérience devienne délicieuse et mémorable, elle doit d’abord être utilisable et bien conçue. »
En un peu moins d’un an d’existence – sans compter les versions bêtas –, la plateforme a dépassé les 300.000 utilisateurs, c’est à la fois beaucoup et très peu pour un projet initié par Meta, mais aussi, et surtout, pour quelque chose qui est censé être le début d’une révolution.
Le manque d’investissement des développeurs, un vrai problème
Dans l’une de ses notes, le vice-président de la branche métavers de Meta a également souligné que les personnes qui développent Horizon Worlds ne l’utilisaient pas beaucoup. « Pour beaucoup d’entre nous, nous ne passons pas beaucoup de temps dans Horizon et nos tableaux de bord de dogfooding le montrent assez clairement », a-t-il indiqué. « Pourquoi cela ? Pourquoi n’aimons-nous pas tellement le produit que nous avons construit ? La vérité toute simple est que, si nous ne l’aimons pas, comment pouvons-nous attendre de nos utilisateurs qu’ils l’aiment ? »
Quelques jours plus tard, Shah a envoyé une nouvelle note à ses employés concernant un plan visant à « responsabiliser les gestionnaires », afin qu’ils poussent leur équipe à utiliser Horizon Worlds au moins une fois par semaine. « Tout le monde dans cette organisation devrait se donner pour mission de tomber amoureux d’Horizon Worlds. Vous ne pouvez pas le faire sans l’utiliser. Entrez là-dedans. Organisez des moments pour le faire avec vos collègues ou amis, à la fois dans les builds internes, mais aussi dans le build public afin de pouvoir interagir avec notre communauté. »
Il a également reconnu que l’expérience d’intégration était déroutante et frustrante pour les utilisateurs lors de leur première visite et que cela devait donc changer.
« Nous travaillons sur un produit qui n’a pas trouvé sa place sur le marché. Si vous êtes sur Horizon, j’ai besoin que vous acceptiez pleinement l’ambiguïté et le changement », a-t-il écrit par la suite à ses équipes. Enfin, il a aussi annoncé que les objectifs ont été revus. Le nombre d’utilisateurs n’est plus une priorité, contrairement au niveau de qualité.