Le cabinet d’avocats liégeois Elegis vient en aide aux membres du réseau social bloqué par une enquête pour fraude pyramidale et s’apprête à entreprendre « les actions juridiques appropriées » contre les autorités belges.
Cela fait plus d’un mois que la justice belge a bloqué l’accès au réseau social Vitae, arrêté des dirigeants de l’entreprise du même nom et entamé une enquête judiciaire. Les autorités craignent que cette plateforme expérimentale, rémunérant ses milliers de membres-testeurs avec le token VITAE, cache une énorme arnaque de type Ponzi.
Sans accès à leur média ou à leurs comptes cryptos liés, les utilisateurs auraient assisté, impuissants, à un véritable krach financier. Le vitae a perdu la quasi-totalité de sa valeur sous le coup de l’intervention policière et de l’ouverture de l’instruction.
Jusqu’à cet énorme pump, comme on dit dans le milieu, cette augmentation soudaine du prix du crypto-actif vendredi dernier. Le cours a temporairement flambé, affichant jusqu’à +358% et propulsant la capitalisation de marché à près de 25 millions de dollars.
Libérations conditionnelles ?
Une envolée manifestement artificielle qui présageait un dump, une chute brutale du prix emporté par des ventes massives. De fausses rumeurs faisaient alors état de la libération d’un cofondateur de Vitae.
Renseignements pris auprès de l’avocat de l’intéressé, « nos clients sont désormais placés sous surveillance électronique », nous a confirmé le cabinet Van Steenbrugge, ne pouvant pas donner d’autres commentaires sur les détails de l’affaire.
Selon des personnes proches du dossier, seuls le directeur commercial et le directeur des opérations seraient encore assignés à résidences. La détention préventive aurait été levée depuis deux semaines pour le directeur technique (informaticien passé par les cabinets ministériels), et plus récemment pour un responsable marketing et un associé premier membre premium de Vitae.
Après ces récents développements et « les messages inquiétants qui ont été publiés par les médias », un collectif spontané de membres du réseau crypto-social baptisé « We are Vitae » a décidé de réaffirmer sa « confiance dans Vitae et ses acteurs ».
Contre-attaque
« Contrairement à ce qui est dit, nous n’avons jamais été trahis, ni escroqués ni volés, nous n’avons jamais perdu d’argent. Si nous avons subi des dommages, c’est parce que notre accès à nos portefeuilles électroniques a été bloqué en raison du gel de la plateforme par les autorités belges », ont déclaré les 11 membres signataires d’un communiqué. « Il semble donc que ceux qui causent les dégâts ne soient pas les personnes derrière Vitae, mais au contraire ces autorités prétendant nous sauver. »
Ces membres représentatifs de Vitae se sont dès lors entourés du cabinet liégeois Elegis, une importante association rassemblant plus de 80 avocats en Belgique, d’Anvers à Eupen. Elegis intervient indistinctement pour de grandes entreprises internationales, des institutions financières, pouvoirs publics, PME ainsi que pour des particuliers. Les « Vitaers » ont exposé aux avocats leur raisonnement afin d’en tester la validité d’un point de vue juridique.
Le cabinet Elegis aurait entre-temps étudié le dossier et serait prêt à « entreprendre les actions juridiques appropriées ». Sous-entendu : attaquer la justice belge. Contacté par nos soins, l’avocat référent, spécialisé en droit de contrats et de commerce, ainsi qu’en droit pénal financier, n’a pas encore eu l’opportunité d’apporter des explications à ce sujet.
« We are Vitae » invite tous les autres membres de la communauté à exprimer leur consentement explicite pour pouvoir allonger la liste des plaignants.
Pour aller plus loin dans l’Affaire Vitae :
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