Affaire Vitae : « La justice belge aura un gros problème quand elle comprendra avoir arrêté des innocents pour rien »

Au Viêtnam, des milliers de personnes déplorent en ce moment le blocage arbitraire de leur réseau social Vitae par les autorités belges. Avec sa plateforme rendue inaccessible, la cryptomonnaie native s’est effondrée. « La Belgique a causé trop de dégâts à Vitae », nous affirme Phạm Hồng Cẩn, membre Vitae de longue date.

L’incompréhension totale règne en république socialiste du Viêtnam. De Diên Biên Phu à Hô-Chi-Minh-Ville, des milliers de personnes s’affairent sur leurs autres apps sociales pour envoyer « de l’amour et de la force » aux dirigeants de Vitae. Cette entreprise basée en Suisse exploitée en pratique par des hommes d’affaires flamands, récemment arrêtés sur fond d’escroquerie financière. L’incompréhension donc car tout se déroulait pour le mieux avant que la justice belge n’intervienne.

« Je suis membre de Vitae, un réseau social comme Facebook mais avec une philosophie de décentralisation, combinant économie numérique et économie de partage », se présente Phạm Hồng Cẩn. Ce vietnamien habitant dans l’ancienne Saigon se dit fier de suivre la mission et la vision de Vitae qui se résument, selon lui, à construire « un pont de prospérité, d’apporter le bonheur et de protéger les autres ».

« Le modèle commercial de Vitae dépasse l’entendement, il rassemble des ressources à l’échelle mondiale et l’offre aux membres. Nous gagnons tous de l’argent, c’est entièrement automatisé et transparent dans le compte Vitae grâce à la blockchain », nous affirme Phạm, sans détailler davantage la hauteur de ses revenus provenant de son activité de bêta-testeur, utilisateur du programme encore en développement. Des montants mirobolants circulent sur Internet. Plus modéré mais non moins discutable, l’exemple d’une nouvelle recrue qui s’est offert une voiture après deux mois d’utilisation seulement.

Imbroglio légal

Véritable ambassadeur de Vitae, comme bon nombre de ses compatriotes, Phạm Hồng Cẩn rembobine le déroulement des événements récents. Des membres belges de Vitae ont déposé plainte à la police car leurs tokens ont été volés.

« Le juge d’instruction mène une enquête sur Vitae en tant que tel: le réseau social et le jeton. Nous savons tous que la compréhension du fonctionnement de Vitae nécessite beaucoup d’apprentissage. Les enquêteurs qui entendent parler de Vitae pour la première fois n’y comprennent évidemment rien. Il faut du temps et des explications pour qu’ils puissent comprendre la vision, le concept et le modèle de revenus. Comme il n’y a pas encore de législation en Belgique sur les cryptomonnaies, les enquêteurs sont perdus », estime l’adepte vietnamien.

C’est d’ailleurs précisément parce qu’il n’y a pas encore de réglementation crypto chez nous que les avocats belges avaient conseillé aux fondateurs de constituer la société anonyme en Suisse.

« Pourquoi en Suisse ? Parce que la Suisse dispose d’une réglementation complète pour le lancement et l’utilisation d’une cryptomonnaie telle que le token Vitae. C’est également pour cette raison que des avocats spécialisés dans les cryptomonnaies sont membres du conseil d’administration de Vitae AG et que Diane, ancienne directrice juridique et de la conformité au Crédit Suisse, a été nommée CEO de Vitae AG », insiste Phạm.

Preuve de la légalité de Vitae, selon ses membres vitenamiens, toutes les actions sociales que l’entreprise crypto a rendues possibles.

Présumés innocents

Membre de la communauté régionale de Vitae la plus active au monde, Phạm Hồng Cẩn livre aussi quelques considérations sur la procédure judiciaire menée en Belgique. Notamment sur le maintien de la détention préventive depuis l’arrestation des dirigeants le 22 juin dernier.

« Le 6 juillet, le juge a décidé qu’ils resteraient en détention pendant que l’enquête se poursuit. Bien entendu, le juge peut à tout moment décider de raccourcir cette période mais il est important de rappeler que Mendy (le CCO de Vitae) et les autres sont en détention pour l’enquête. Ils sont toujours considérés comme innocents. Au pire, pendant les 90 jours maximum de détention préventive, il ne s’agit que de suspects jusqu’à ce que leur culpabilité soit éventuellement prouvée par un tribunal plus tard », met en exergue le membre vietnamien.

Mais les adeptes de Vitae restent malgré tout optimistes. Même dans le pire des cas où les dirigeants seraient reconnus coupables de fraude pyramidale, ils savent que les avocats belges feront appel de cette décision de justice.

« À moins que le juge d’instruction et les enquêteurs arrivent rapidement à la conclusion que Vitae n’est pas une arnaque. Mais alors, le système judiciaire belge aura un gros problème. Car il s’avérera qu’ils ont arrêté des innocents et qu’ils ont fermé le réseau social Vitae pour rien pendant tout ce temps », ponctue Phạm Hồng Cẩn.

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