Les gagnants de 2022 sont les démocraties libérales et c’est une très bonne nouvelle

Les faiseurs d’opinion occidentaux, ainsi qu’un groupe croissant de personnes originaires de l’Est, aiment enfoncer certains clous. Selon eux, nous vivons la fin de l’Occident et de tout ce qu’il représente : la démocratie, l’ouverture des marchés, les droits de l’homme et la liberté individuelle. Mais ces valeurs résistent encore aux assauts des dictatures, des théocraties, des autocraties et des populistes incompétents.

Les raisons du scepticisme

Pendant la crise pandémique, l’admiration – y compris de la part de votre chroniqueur – pour la Chine autocratique qui a su bannir le coronavirus de son pays était omniprésente. L’Empire du Milieu avait démontré qu’une autorité centrale était idéale pendant les pandémies. En outre, beaucoup de partisans de Trump avaient adhéré à l’idée que les élections américaines étaient truquées. À cela s’est ajoutée la guerre en Ukraine, dont l’Europe en particulier a dû supporter les conséquences sur le plan économique. L’Occident s’est révélé trop dépendant d’un voisin brutal qui pouvait se permettre de déclencher une guerre sans raison.

Les 4 forces qui cherchent à saper l’Occident

L’Occident, que nous devrions définir plus que jamais comme l’Europe et les États-Unis, est dans un coin du ring, et les coups tombent. Quatre courants s’avèrent exceptionnellement forts :

  • Le populisme qui consume l’Occident de l’intérieur avec des représentants comme Boris Johnson et Donald Trump. Là, c’est toujours l’autre qui est en faute et donc qui prône le retour à un monde préservé et velouté, dépourvu de migrants et de mondialisation. Une utopie qui rencontre l’approbation de beaucoup de gens. 
  • Les autocraties, dont la Chine et Xi Jinping sont les représentants, sont idéales pour prendre de meilleures décisions dans un monde en mutation rapide. Une bureaucratie forte et un seul décideur et non la tour de Babel comme l’Union européenne où 27 dirigeants se crient dessus.
  • Les théocraties comme le Qatar et l’Arabie saoudite qui ont une domination incroyable sur la scène mondiale, non pas parce qu’elles défendent une idée, mais parce qu’elles nagent dans l’argent.
  • Les dictateurs, avec Poutine en Russie et Loukachenko en Biélorussie comme têtes d’affiches qui, selon leurs sautes d’humeur, prennent des décisions qui correspondent à leur vision déformée du monde.

Kishore Mahbubani, professeur à l’université de Singapour, affirme sans ambages dans son best-seller, Is the West Losing Its Way ?, que nous devrions nous résigner à tous ces nouveaux régimes parce que l’Occident a connu ses meilleurs jours.  

La situation est grave

Une statistique de Freedom House ci-dessous montre qu’en réalité, seuls 20 % de la population mondiale vivent encore dans une société libre, contre 46 % en 2005. Cette organisation, fondée au début de la Seconde Guerre mondiale pour défendre la liberté alors que Hitler était le grand danger, mesure la liberté relative de chaque pays du monde. Cela indique clairement à quel point nous sommes privilégiés en Occident. 

L’Occident se défend

L’Occident se défend actuellement et c’est une excellente nouvelle. L’avenir semble en fait très prometteur pour les démocraties occidentales.

  • Lors des élections américaines de mi-mandat, les candidats pour la plupart incompétents qui ont suivi Trump ont presque tous perdu. La nouvelle campagne de Trump pour devenir le prochain président se terminera par un essoufflement. Plus personne dans la presse conservatrice ne le soutient – nous parlons du Wall Street Journal, de Fox News et du New York Post qui écoutent également leurs lecteurs et téléspectateurs – et sans eux, il ne pourra JAMAIS gagner. La démocratie américaine est beaucoup plus forte que nous le pensions.
  • L’Union européenne gagne chaque jour en importance et la coopération entre les 27 pays peut être qualifiée d’exemplaire. Alors qu’il y a quelques mois à peine, nous pensions que nous allions geler, privés de gaz et de pétrole, nous avons maintenant trop de gaz. Travailler ensemble s’avère alors efficace après tout. Il n’est pas nécessaire d’être une dictature pour faire cela.
  • L’OTAN fonctionne et reste notre garantie de sécurité. Nous remettons parfois en question cette alliance, mais elle est de loin la coopération la plus réussie entre l’Europe et les États-Unis, qui partagent les mêmes valeurs. Même la Finlande et la Suède veulent désormais en faire partie.
  • Emmanuel Macron, le président le plus européen de l’histoire de la France, a été réélu et le calme est assez remarquable en Allemagne, malgré la guerre qui sévit juste à côté. En Italie, bien que l’extrême-droite soit au pouvoir, nos valeurs occidentales ne sont en aucun cas remises en question. 
  • La Grande-Bretagne, la plus ancienne des démocraties, a montré une fois de plus qu’on ne peut pas l’embêter. Même le maître manipulateur Boris Johnson a perdu et Liz Truss, la Première ministre la moins compétente de l’histoire britannique, a fait ses valises.

Qu’est-ce qui a changé ?

La question se pose de savoir ce qui a changé ces dernières années. Janan Ganesh, chroniqueur au FT, a fait une remarque très pertinente : il observe que tous ces régimes, du Qatar à la Chine en passant par la Russie, se sont en fait révélés bien moins compétents que nous le pensions et que les démocraties occidentales sont bien plus efficaces qu’on ne le soupçonne. 

  • La Coupe du monde est un exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire. Les hôtels manquent, les villages de supporters ne sont pas équipés et les décisions sont prises sans aucune consultation, comme la récente interdiction de l’alcool – à l’exception des villages VIP. Au-delà de l’hypocrisie. 
  • Poutine est en train de vivre son Waterloo en Ukraine. Rarement dans l’histoire, une guerre a été aussi mal menée. Pas de plan, pas de troupes motivées. L’armée russe n’est pas seulement incompétente, elle est gangrenée par la corruption.
  • La stratégie « zéro covid » de la Chine l’a complètement enlisée. Les civils sont pris au piège et la question est de savoir s’ils pourront un jour en sortir. Le plan de Xi Jinping visant à bannir le COVID-19 ne semble plus fonctionner.
  • Le Brexit a montré que les manipulateurs et les populistes font d’énormes dégâts dans un pays. Les Britanniques ne permettront jamais que cela se reproduise. Les prochaines générations ont appris la leçon et elles n’éliront plus un type comme Boris Johnson. 
  • Trump ne reviendra pas. Les électeurs américains veulent aussi des dirigeants compétents, même s’ils ont des idées populistes, comme Ron DeSantis. Le chaos qui a régné dans les démocraties anglo-saxonnes ne se reproduira pas dans les prochaines années.
  • La façon dont l’OTAN a réagi de manière coordonnée à la possibilité d’une attaque russe contre la Pologne – en fait un accident d’origine ukrainienne – montre également qu’il s’agit d’une machine bien huilée et que nous ne nous retrouverons pas entrainé par erreur dans une guerre. Cela montre aussi que l’Ukraine n’a pas sa place dans l’Union européenne, vu que Zelensky ne veut pas voir la vérité en face.

Les 4 valeurs qui restent

De grands penseurs tels qu’Adam Smith, Thomas Hobbes et John Locke sont à l’origine de notre modèle tant convoité, un libéralisme qui reposerait sur 4 grands principes largement répandus : la liberté individuelle, des droits de l’homme étendus, une démocratie participative et un marché ouvert et libre. Ces valeurs demeurent, malgré tous les vents contraires.

Ne succombons pas au cynisme mais réalisons ce que nous avons entre les mains. J’ai du mal à imaginer que de nombreux Belges souhaitent vivre au Qatar, en Arabie saoudite, en Chine, en Russie ou en Turquie, malgré toutes les plaintes que nous entendons souvent sur les réseaux sociaux.


Xavier Verellen est un auteur et un entrepreneur (www.qelviq.com).

MB

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