Les exploitants de cafés n’apprécient pas du tout la fermeture obligatoire

Les tenants de cafés et de restaurants sont en colère contre la fermeture obligatoire à cause du coronavirus. ‘En trois semaines, mon chiffre d’affaires s’élève à 20.000 euros. Et les transports en commun dans lesquels les gens sont entassés peuvent continuer de rouler. Totalement absurde.’

Le gouvernement fédéral a annoncé ce jeudi que tous les cafés et restaurants devraient fermer leurs portes dès vendredi minuit. Une mesure que les gérants comme les employés ont du mal à comprendre. Dans l’Horeca, peu sont ceux qui travaillent de manière permanente. ‘Nous avons principalement des étudiants ici’, explique-t-on au Patrick Foley’s, le pub irlandais dans le centre de Gand. ‘Certains avaient leur premier jour aujourd’hui. Ils ont immédiatement perdu leur travail, car nous sommes dans l’incapacité de les payer. Et le reste n’a soudainement plus d’argent pour acheter à manger et vivre’.

L’établissement Patrick Foley’s est à la fois un café et un restaurant et a la ‘chance’ de pouvoir faire livrer ses repas via Deliveroo. ‘Mais avec ça, on ne peut prendre qu’un ou deux étudiants en cuisine. Ce n’est pas spectaculaire.’

‘Je vais passer trois semaines sans travail maintenant’, explique un barman dans un autre café. ‘Je travaille avec des contrats journaliers et j’ai des avantages sociaux, mais avoir un job est bien plus amusant. Et surtout, je ne vais même plus pouvoir venir m’asseoir ici avec mes amis quand je ne travaille pas. C’est ce qui va me manquer le plus.’

Incompréhension

Il y a beaucoup d’incompréhensions autour du ‘choix arbitraire’ de cette mesure. ‘Pourquoi les crèches peuvent-elles rester ouvertes, mais pas les écoles? Et pourquoi les gens sont-ils autorisés à prendre les transports en commun, où ils sont tous collés les uns aux autres, alors que les cafés doivent tous fermer?’, peut-on entendre chez de nombreux gérants.

Le gouvernement flamand va donner 4.000 euros à toutes les entreprises qui seront impactées par la mesure. Mais les propriétaires ne s’en réjouissent pas. ‘Avec 4.000 euros, je sais payer mon loyer pendant 3 semaines’, déclare Comic Sans, un café dans le Koreanmarkt à Gand. Les sociétés d’Horeca doivent encore payer leur personnel et leurs marchandises. ‘Toute ma nourriture est gâchée’, annonce Sergio, le propriétaire de la pizzeria Da Toto à la gare de Gand-Saint-Pierre. Et je ne peux même pas proposer à emporter, car j’ai trop de tables. Ça n’a pas de sens.’ En Wallonie, 100 millions d’euros ont été débloqués, mais on ne sait pas encore comment ils seront départagés entre les différents ayant-droit.

Sergio est italien et pour lui, la situation en Italie est plus logique. ‘Tout est fermé là-bas, sauf les magasins d’alimentation avec des produits de première nécessité. Ici, les friteries et les restaurants avec des plats à emporter peuvent rester ouverts. Pourquoi donc? Et pourquoi personne ici n’est obligé de porter un masque? En Italie, tu reçois une amende si tu ne le fais pas.’

Chômage temporaire

Les employés de Sergio ont droit au chômage temporaire, ce qui leur offrira 70% de leur salaire, mais il ne pense pas que ce sera assez. ‘Je ne vais pas pouvoir me verser de salaire. Normalement je gagne 15.000 euros en trois semaines. Maintenant, j’ai complètement perdu cela. Que suis-je censé faire avec 4.000 euros?’

La situation est encore plus dramatique chez Comic Sans. Une seule personne travaille là-bas de manière permanente. Les autres ont des contrats journaliers. ‘Malheureusement, j’ai dû tous les annuler’, explique Jeroen Baert. ‘Ce sont 10 personnes qui n’auront pas de travail pendant 3 semaines. Que doivent-ils faire?’

C’est aussi un gros gouffre financier. ‘Je vais perdre 20.000 euros avec ça. Je peux croire qu’il faut annuler les grosses fêtes, mais fermer tout un café, ça, je ne vois pas. Et au même moment, les gens peuvent partir en voyage et prendre le bus. Incompréhensible.’

‘Inutile’

Que vont-il faire pendant ces trois semaines? ‘Je vais déjà aller au Royaume-Uni pendant 4 jours’, raconte Baert. ‘Et ensuite voir des amis. Parce qu’apparemment, rencontrer 20 personnes dans une maison de 80 mètres carrés, ça ne pose pas de problème, mais 20 personnes dans un café de 200 mètres carrés, ça, c’est un gros problème.’

Sergio a aussi quelques plans: ‘rester à la maison et manger’, dit-il en riant. ‘Mais pourquoi juste trois semaines? Comme si le virus allait soudainement disparaître dans trois semaines. Cette mesure est vraiment inutile’, conclut-il.

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