Les entreprises technologiques chinoises saignées à blanc : Pékin poursuit sa répression

L’année 2022 ne sera pas synonyme de répit pour les entreprises technologiques chinoises. Après avoir fait l’objet d’une importante répression de la part du gouvernement en 2021, Pékin souhaite aller plus loin dans son contrôle en imposant un examen poussé de leurs précieux algorithmes.

Pékin n’apprécie guère le pouvoir qu’ont acquis les entreprises technologiques au fil des années et le fait savoir à coup de réglementations toujours plus strictes. C’est dans ce contexte que la Chine a lancé une campagne officielle d’examens des algorithmes des géants de l’Internet, en vue de déceler et freiner de potentiels abus. La manière dont les plateformes sociales diffusent des publicités et du contenu pour attirer les utilisateurs est dans le viseur des régulateurs chinois, rapporte Bloomberg.

Un examen minutieux de leur secret le plus précieux

Un mois après l’entrée en vigueur de nouvelles règles concernant les algorithmes des géants du web, l’Administration du cyberespace de Chine a indiqué dans un communiqué qu’elle procédera à des inspections sur place des entreprises, ainsi qu’à un examen minutieux de leurs différents services pour s’assurer que les sites web, plateformes et produits à grande échelle se sont bien conformés aux nouvelles règles.

Ces dernières régissent l’utilisation par l’industrie d’algorithmes visant à faire apparaitre certains types de contenus aux utilisateurs. L’objectif de Pékin est de limiter l’influence croissante des géants d’Internet qui sont parvenus à contrôler toutes les sphères du divertissement et du discours public au fil des années.

Changement de stratégie

La campagne mise en place par le gouvernement chinois depuis plus d’un an maintenant a déjà porté ses fruits puisque les plus grandes entreprises technologiques du pays ont modifié leurs priorités d’expansion débridée vers une croissance de base, en accord avec la vision de Pékin. Mais attention à la voie empruntée, car le gouvernement chinois veille malgré tout au bon fonctionnement de l’industrie.

C’est pourquoi le cyber-chien de garde a interrogé plusieurs grands représentants d’entreprises après la suppression de 216.800 de juillet 2021 à mars 2022. Une situation inquiétante pour Pékin, car cela pourrait avoir un effet déstabilisateur sur l’économie au sens large du pays. Mais l’Administration du cyberespace de Chine a indiqué que, sur la même période, ces entreprises avaient embauché 295.900 personnes, soit une nette augmentation.

Des investisseurs frileux

L’année dernière, les actions de Tencent ont perdu 19% de leur valeur, en raison de la répression dirigée par le gouvernement chinois sur les entreprises technologiques. Une répression dont les investisseurs, ainsi que les principaux intéressés, ne voient pas le bout. C’est pourquoi ils se montrent aujourd’hui plus prudents et ça se ressent à la bourse. Ce vendredi, Tencent a perdu 1,8% à la bourse de Hong Kong, la société de streaming vidéo Bilibili Inc faisait partie des moins performantes. L’annonce de réduction de la participation de Sequoia Capital dans Meituan – géant de la livraison de repas – a également eu un impact sur sa valeur.

Mais les investisseurs se questionnent surtout sur l’avenir des géants des médias sociaux, dominés par Tencent et ByteDance (TikTok), car si Pékin a toujours contrôlé le secteur avec une main de fer – bonjour la censure –, la répression du gouvernement chinois s’est surtout abattue sur les entreprises de commerce en ligne et de covoiturage plutôt que sur les plateformes de média en ligne. La question est de savoir si et quand le couperet tombera.

Mais cela ne veut pas dire que ces plateformes ont totalement été épargnées. Les restrictions concernant les algorithmes et la manière dont les entreprises encouragent la dépendance en ligne ont eu un impact sur les géants des médias sociaux. Ils ont en effet été contraints de proposer des options à leurs utilisateurs leur permettant de désactiver les recommandations algorithmiques – notamment Tencent et ByteDance –, mais aussi de modifier leurs algorithmes pour adhérer aux « valeurs dominantes » et « diffuser activement une énergie positive ».

Difficile de savoir jusqu’où ira la répression de la Chine sur les entreprises technologiques, mais après avoir laissé les choses se faire « librement » pendant des années, Pékin semble plus que motivé à reprendre le pouvoir à tous les niveaux, au grand dam de ces entreprises et potentiellement des utilisateurs.

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