Les entreprises ayant subi le choc du 11 septembre ont mieux résisté au Covid

Pour évaluer l’impact boursier d’une crise comme l’actuelle pandémie de coronavirus, des chercheurs de l’Université de Cardiff ont examiné la résistance de sociétés cotées new-yorkaises qui ont « financièrement survécu » aux attaques terroristes du 11 septembre 2001. Résultat: l’exposition à un tel événement déstabilisant semble immuniser. Explications.

Comparer les pandémies passées à celles du Covid fausse les données en raison des conséquences sans précédent de la crise sanitaire actuelle. Forts de cette considération, Onur Kemal Tosun, Arman Eshraghi et Gulnur Muradoglu, trois chercheurs de l’Université de Cardiff, ont entrepris d’analyser comment l’exposition d’entreprises à des événements désastreux antérieurs pouvait influencer leur réaction boursière face au coronavirus.

Dans leur étude Staring Death in the Face, les auteurs ont tenu à mieux modéliser le choc structurel de l’actuelle pandémie aux États-Unis en examinant spécifiquement comment les entreprises basées à New York ont ​​réagi il y a 20 ans aux turbulences financières associées aux attaques terroristes du 11 septembre.

Alors que les deux événements restent catégoriquement différents, leurs impacts à court terme sur le marché boursier, et sur les bourses de New York en particulier, apparaissent étonnamment similaires.

Immunité de choc

« Nous constatons que les entreprises qui ont survécu financièrement au 11 septembre ont également réussi à faire mieux – ou à moins souffrir – en termes de rendements boursiers pendant Covid-19, par rapport aux entreprises de contrôle qui n’ont pas été exposées au 11 septembre », soulignent les chercheurs.

Ces derniers montrent dans un sens que l’exposition antérieure des entreprises au 11 septembre les a en partie « immunisées » contre les conséquences d’un événement déstabilisant similaire, bien que deux décennies plus tard.

« Il est intéressant de noter que le volume des transactions des entreprises immunisées a augmenté en raison des pressions d’achat du marché », épingle l’article scientifique paru dans le British Journal of Management (2021). En d’autres termes, il existe des preuves solides que les marchés financiers « intègrent » et valorisent ainsi l’exposition des entreprises aux catastrophes antérieures.

Les entreprises plus résilientes par rapport au groupe contrôle ont vu leurs cours boursiers accusaient des pertes inférieures d’environ 7 % par rapport aux entreprises qui n’avaient pas connu les attaques terroristes.

Il s’agit là d’un chiffre à la fois statistiquement et économiquement significatif, et représentant des milliards de dollars de valeur marchande « économisée ».

Apprentissage à la dure

Par implication, les résultats évoquent une résilience organisationnelle supplémentaire acquise grâce à de telles expériences. Les entreprises exposées auraient ainsi tiré les leçons de ces chocs systémiques de nature désastreuse, même s’ils sont rares.

En somme, une étude intéressante qui documente les réactions du marché à la fois aux pandémies et autres événements de santé publique, ainsi qu’aux événements terroristes avec les retombées associées. Cela soutient également les principes de mémoire à long terme des marchés boursiers et d’apprentissage organisationnel facilité par l’exposition à des événements désastreux.

Les auteurs concluent d’ailleurs en insistant sur « l’importance considérable » de leurs résultats pour le secteur des entreprises et pour les décideurs, étant donné que la probabilité que des épidémies et des pandémies similaires se produisent à l’avenir est considérée comme non négligeable.

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