L’élection américaine inquiète les experts internationaux: doit-on s’attendre à une crise constitutionnelle?

Alors que Trump a récemment déclaré être immunisé et reprendre ses fonctions publiques, la prochaine élection américaine sème le doute sur la scène internationale. Si Trump n’a de cesse de dénigrer le vote par correspondance et de remettre en cause l’équité des sondages, les experts craignent que le scrutin ne mène à une crise constitutionnelle ou à des violences.

Voilà plusieurs mois que Trump et son équipe remettent en question l’intégrité des prochaines élections. Le président a même encouragé les Américains à voter deux fois (ce qui est tout à fait illégal). Les affirmations du président sont en réalité peu fondées, mais les experts des autres pays affirment que cette démarche de contestation reste dangereuse. 

‘Je pense que Trump nous prépare au récit d’une élection truquée. Cela s’est produit dans d’autres juridictions où j’ai travaillé’, a déclaré Dren Nupen, un expert électoral sud-africain.

Dren Nupen a organisé des élections nationales et de parti dans toute l’Afrique du Sud pendant des décennies, notamment lors du scrutin historique de 1994.

‘Trump essaye de convaincre les électeurs que le vote sera truqué. Ses munitions, ce sont ses électeurs. S’il perd, alors il pourra avancer l’argument qu’il avait prévenu les électeurs’ ajoute Nupen. Lors d’élections très disputées, ce ne sont pas seulement la mécanique et l’équité du scrutin qui importent, mais aussi le contexte politique de l’élection. Une théorie que Dren Nupen a déjà pu vérifier dans son pays. ‘Et c’est un fait, les désaccords mènent souvent au conflit, voire aux situations de crise’, ajoute-t-il.

Un système complexe

Pendant des années, plusieurs pays comme l’Afrique ont été pointés du doigt par les responsables américains  pour la manière dont leur système de vote est organisé. Dans le passé, la Commission électorale indépendante d’Afrique du Sud a organisé six élections générales, y compris le vote historique de 1994 qui ne laissa place qu’à peu d’agitation, alors que beaucoup pensaient que le pays allait sombrer dans l’anarchie.

Le système électoral américain, en comparaison, est incroyablement plus complexe, avec un scrutin très décentralisé réparti sur plus de 10.000 juridictions. Malgré cette complexité, les fonctionnaires des États et des collectivités locales des États-Unis ont réussi à organiser des élections. Néanmoins, le comportement de Donald Trump peut être considéré comme une mise en garde et les experts internationaux s’en inquiètent.

Qui va surveiller l’élection?

La société civile, les responsables et les bénévoles des partis républicain et démocrate observent régulièrement les élections américaines selon des règles qui varient d’un État à l’autre. 

Les observateurs internationaux sont peu nombreux, bien que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) envoie systématiquement des observateurs aux États-Unis pour les élections présidentielles et les mi-mandats. Sachant que des élections démocratiques assoient la légitimité d’un gouvernement, l’OSCE observe les élections dans ses 57 États participants. Elle fournit, par ailleurs, une assistance technique à certains pays pour améliorer le cadre législatif et administratif des élections.

Cette année  reste néanmoins particulière. Le groupe de surveillance de l’OSCE avait en effet prévu d’envoyer un nombre record de participants pour ‘surveiller l’élection la plus difficile à laquelle on ait jamais assisté depuis des décennies’. Mais ce nombre escompté sera considérablement réduit en raison de la pandémie

Les observateurs de l’OSCE ont-ils leur mot à dire?

En tant qu’invités du gouvernement, ils sont susceptibles d’être ignorés ou mis à l’écart lorsqu’une élection est controversée, en particulier si le président sortant est accusé de manigances électorales.

Si l’élection américaine inquiète les pays voisins, il est en effet de plus en plus probable que le scénario imaginé par les autres pays voit le jour: selon le dernier sondage d’ABC, Joe Biden remporte à l’heure actuelle 54% des intentions de vote. Trump est donc à la traîne dans les derniers sondages. Et bien qu’il se soit récemment dit ‘prêt à reprendre du service’ après un bref séjour à l’hôpital ( Trump a été testé positif au Covid-19), ses chances de rester à la Maison Blanche s’amenuisent, alors que les résultats des élections risquent à nouveau d’attirer les foudres.

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