Le variant Delta rend l’immunité collective impossible, selon le développeur du vaccin AstraZeneca

Malgré leur vaccin, les personnes vaccinées peuvent toujours contracter le variant Delta, mais elles peuvent surtout le transmettre aux personnes qui n’ont reçu aucune dose.

Intervenant lors d’une réunion parlementaire britannique, Andrew Pollard, le professeur en maladies infectieuses à l’Université d’Oxford et développeur du vaccin AstraZeneca, a remis en doute la possibilité d’atteindre un jour l’immunité collective vis-à-vis du coronavirus. « Le variant Delta a changé la donne », a-t-il déclaré.

« Nous savons très clairement que le variant actuel, le variant Delta, continue d’infecter les personnes qui ont été vaccinées, et cela signifie que toute personne non vaccinée, à un moment donné, rencontrera le virus », a-t-il assuré lors de la réunion en visioconférence.

Le prochain variant, toujours plus contagieux

L’apparition de nouveaux variants toujours plus contagieux que la forme originelle du coronavirus rend l’immunité collective toujours plus improbable. La prochaine forme du virus pourrait en effet être encore plus contagieuse que ne l’est le Delta, déjà deux fois plus transmissible que le Covid-19.

« Le concept d’immunité collective est irréalisable, car nous savons que les infections peuvent se propager dans les populations vaccinées », a indiqué Paul Hunter, médecin de santé publique britannique, lors de la même réunion.

Plusieurs éléments suggèrent en effet que les personnes vaccinées peuvent transmettre le variant Delta, comme ce fut le cas en Israël. Les cas de Covid-19 ont chuté dans le pays après que 80% des adultes ont été vaccinés, mais l’apparition du variant Delta a provoqué une nouvelle explosion des cas de coronavirus parmi la population.

Il faut tout de même garder en tête que les personnes vaccinées ont 25 fois moins de risques de développer une forme grave du virus, ce qui n’est évidemment pas le cas des personnes non vaccinées. C’est là que réside tout le problème de voir à nouveau des formes graves du virus apparaitre, et donc, une hausse des hospitalisations, voire des décès.

Pourquoi l’immunité collective est-elle si importante ?

Dès l’apparition de la pandémie, plusieurs responsables politiques et experts ont visé l’immunité collective pour stopper la propagation du virus. Malheureusement, cette dernière n’a pu être atteinte jusqu’à présent. Le développement des vaccins a redonné de l’espoir à ceux qui espéraient voir l’immunité collective apparaitre, mais les propos de Andrew Pollard suggèrent que cet espoir est vain.

« L’immunité collective correspond au pourcentage d’une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population va transmettre le pathogène à moins d’une personne en moyenne, amenant de fait l’épidémie à l’extinction, car le pathogène rencontre trop de sujets protégés. Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue par l’infection naturelle ou par la vaccination », comme le définit l’Institut Pasteur.

Malgré tout, Andrew Pollard a indiqué qu’il n’y « avait aucune raison de paniquer ». Selon lui, l’injection d’une dose de rappel serait nécessaire pour renforcer le système immunitaire de la population mondiale et ainsi, la rendre plus résistante aux variants du coronavirus, mais uniquement « si nous avons la preuve qu’il y a une augmentation des hospitalisations – ou étape suivante, de décès – de personnes parmi celles qui sont vaccinées », ce qui n’est pas encore le cas pour l’instant. Il n’y a donc pas de quoi paniquer, d’autant plus que les campagnes de vaccination se poursuivent aux quatre coins du monde et que les personnes vaccinées ont moins de chance de transmettre le virus « en raison d’une charge virale plus faible en moyenne », selon l’Imperial College London.

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