Le projet MidCat définitivement enterré : l’Allemagne n’aura pas droit à un gazoduc directement connecté à l’Espagne

Après de longues négociations, Paris, Madrid, Lisbonne, et Berlin, s’accordent pour laisser tomber le projet de gazoduc à travers les Pyrénées. A la place, le nouveau projet pour relier la péninsule ibérique à l’Europe centrale passera par Marseille, et par la Méditerranée. En tout cas sur le papier.

Pourquoi est-ce important ?

Tous les pays européens ne sont pas égaux face à la crise de l'énergie. L'Allemagne, particulièrement frappée, cherche de nouvelles sources de gaz. Espagne et Portugal, bien connectés à l'Atlantique et donc au GNL américain, mais aussi aux gisements d'Afrique du Nord, pourraient venir à son aide. Mais entre eux, il y a la France.

Le contexte : Le projet de gazoduc Midcat devait relier la Catalogne à la France à travers les Pyrénées. Un chantier de seulement 120 kilomètres, mais qui aurait permis, en reliant les réseaux espagnols et français, d’acheminer 7,2 milliards de mètres cubes de gaz par an vers l’Europe centrale, et vers l’Allemagne en premier lieu. Un chantier que défendaient donc Berlin, Madrid, et Lisbonne, mais dont Paris ne voulait pas, pour des raisons environnementales, mais surtout électorales.

  • Malgré des espoirs de relance ces dernières semaines, c’est désormais officiel : MidCat ne sera pas creusé. Espagne, France et Portugal se sont mis d’accord ce jeudi pour laisser tomber ce projet.

  • Mais une alternative susceptible de satisfaire à la fois Berlin et Paris – alors que les deux poids lourds de l’UE étaient à couteaux tirés sur la question de l’énergie – a déjà vu le jour : BarMar, un « corridor d’énergie verte ».

BarMar, un »corridor vert » en pleine mer ?

  • Ce nouveau pipeline relierait Barcelone à Marseille en passant par la Méditerranée, et il permettrait d’acheminer de l’hydrogène dit « vert », c’est à dire produit au moyen d’électricité issue d’une source renouvelable et sans rejet de carbone.

  • Un projet qui reste quand même encore très vague, nuance auprès d’Euractiv Phuc-Vinh Nguyen, chercheur en politique énergétique à l’Institut Delors: « L’absence de calendrier annoncé, et surtout le fait de miser une nouvelle fois sur l’hydrogène sans avoir clarifié ses usages prioritaires, suscite des doutes. Le transport de l’hydrogène est difficile et technique […], il est plus logique de le consommer là où il est produit. »

  • A peine ébauché, le projet BarMar suscite déjà critiques et mobilisation, en particulier pour son coût environnemental, déjà reproché à la version terrestre: « Les fonds marins de la Méditerranée entre Barcelone et Marseille sont extrêmement riches et menacés et bénéficient d’un haut niveau de protection environnementale » rappelle ainsi le collectif « Non à MidCat » auprès de France 3 Régions. Bref, sur le papier c’est décidé, mais concrètement rien n’est fait.
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