Le Portugal veut devenir le N°1 de la Blue Economy

Le Portugal est un pays essentiellement côtier. Depuis toujours, il entretient un lien étroit avec l’océan. Mais ce n’est pas l’unique motivation derrière la création d’un ministère de la Mer en 2015. Le pays veut s’imposer comme le leader de la ‘Blue Economy’ (l’économie océanique). 

Le gouvernement portugais ambitionne de transformer le Portugal en centre européen de l’innovation maritime. Il s’est aussi fixé l’objectif de doubler la taille de l’économie océanique, pour la porter à 5% du PIB d’ici la fin de l’année prochaine. Pour ce faire, il a mis en place un fonds de 30 millions d’euros par an, ainsi qu’un accélérateur de start-up, ‘Bluetech’.

Le Portugal offre une grande biodiversité

Le Portugal est naturellement un bon candidat pour l’expérimentation technologique dans le domaine maritime. Ses eaux sont froides au nord et plus tempérées au sud, ce qui implique la coexistence de plusieurs écosystèmes, garantie d’une très grande biodiversité.

Les eaux tempérées lisboètes offrent les conditions idéales pour développer des ‘cocktails d’armes biologiques’. Elles ont été le laboratoire de BioMimetx, une société conceptrice d’une peinture antimicrobienne empêchant l’apparition d’organismes tels que les algues et les balanes sur les coques des bateaux. Aujourd’hui, elle réalise entre 6 et 10 millions de chiffre d’affaires.

L’aquaculture est un autre champ d’application majeur. ‘Au Portugal, une huître pousse deux fois plus vite qu’en France’, explique Miguel Heredia, directeur de Blue Bio Value, un accélérateur axé sur la biotechnologie marine. Une société planche par exemple sur un projet d’élevage de langoustes. 

Disrupter les secteurs peu évolutifs

L’accélérateur Bluetech se concentrera d’abord sur les ports et la navigation. Il accompagnera des start-up innovantes, comme Bound4Blue. Cette dernière équipe les navires avec des voiles pliables, comparables à des ailes d’avions disposées à la verticale, pour réduire de 20% leur consommation de carburant.

D’après Ruben Eiras, directeur général de la politique maritime du ministère de la Mer, l’accélérateur Bluetech est particulièrement pertinent quand il s’agit de créer des disruptions dans des secteurs peu évolutifs comme le transport maritime et la pêche, afin de les rendre plus durables. Ils relèvent en effet d’une infrastructure physique et de réglementations internationales très lourdes.

Mais ces projets inquiètent les associations de défense de la nature qui y voient le déferlement d’une nouvelle vague d’industrialisation de l’océan. Les dirigeants de l’accélérateur rétorquent que, depuis sa création en janvier 2019, les projets qu’il a accompagnés ont permis de réduire les émissions de CO2 de 42.000 tonnes, soit l’équivalent de 9.000 véhicules diesel roulants.

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