Avec ou sans? Le débat autour du port du masque respiratoire afin de lutter contre le coronavirus continue à faire rage, en Europe comme aux États-Unis. Mais inexorablement, son usage gagne du terrain.
Depuis lundi, le port du masque est devenu obligatoire dans toute la région italienne de la Lombardie, principal foyer de l’épidémie de coronavirus en Europe.
En France, où l’Académie française de médecine préconise désormais le port d’un masque alternatif, le maire de Nice, Christian Estrosi, compte faire de même dans les rues de sa ville d’ici environ 10 jours, sans attendre une décision venant du sommet de l’État sur la question.
Lors d’une conférence de presse en vidéoconférence organisée lundi, celui qui a été lui-même contaminé par le covid-19 il y a quelques semaines a déclaré: ‘D’ici 24 à 48h, j’annoncerai comment, d’ici huit à dix jours, nous serons en mesure de distribuer à chaque Niçois un masque lavable et réutilisable pendant un mois.’
Faites ce que je dis…
Plus loin, aux États-Unis, où jusqu’à récemment le masque respiratoire n’avait pas du tout la cote, voilà que son port commence à être préconisé tous azimuts.
Fin de semaine dernière, le maire de New York, Bill de Blasio, a conseillé aux habitants de sa ville de toujours porter un foulard, un bandana ou un masque buccal fait maison dans les lieux publics.
Donald Trump lui-même a appelé ses concitoyens à se couvrir le visage en extérieur, précisant toutefois qu’il s’agissait là seulement de ‘recommandations’… qu’il n’avait pas l’intention de suivre personnellement.
Pourtant, ces conseils émanent du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui fait autorité en la matière aux États-Unis. Et jeudi dernier, le conseiller principal du président américain sur la pandémie de coronavirus, Anthony Fauci, déclarait pour sa part qu’il ‘tend à penser que tout le monde devrait porter un masque buccal, à condition qu’il y en ait suffisamment pour les secouristes de première ligne’.
Quid en Belgique?
Chez nous, le port obligatoire du masque ne semble pas pour tout de suite. Dimanche encore, la ministre de la Santé, Maggie De Block estimait que ‘scientifiquement, ça n’a pas de sens’ d’en porter dans la rue.
Les deux mots d’ordre dans notre pays continuent à être de se laver les mains régulièrement et de respecter la distanciation sociale.
Du côté des experts, c’est le statu quo. Dans Le Soir, le professeur de Santé publique de l’ULB Yves Coppieters explique que ‘les masques alternatifs, appelons-les masques barrières, empêchent la projection d’agents pathogènes mais ne protègent pas complètement celui qui les porte, d’autant que pour être efficaces, ils doivent être réalisés dans un tissu adéquat et être correctement ajustés. C’est plus un geste civique pour éviter de contaminer autrui, qui doit être couplé avec une bonne hygiène et la distance sociale, sinon il n’a pas d’efficacité.’ Le scientifique estime même qu’il pourrait se révéler être un faux ami en donnant l’illusion d’être protégé.
Cet avis n’est pas partagé par Nathan Clumeck, professeur émérite en maladies infectieuses de l’ULB et du CHU Saint-Pierre. Le médecin estime que le port généralisé du masque alternatif fera de toute façon partie de la future stratégie de déconfinement et qu’en attendant, il permettrait de rendre la période actuelle un peu plus supportable. ‘Le port du masque alternatif fait partie de ce que j’appelle l’auto-confinement, qui permet un lien social et professionnel. Je protège les autres, mais les autres me protègent. Si vous êtes assis à un mètre de distance à l’air libre et que vous portez un masque, il n’y a pas de raison que le virus vous tombe dessus comme un essaim de guêpes !’, expliquait-il le week-end dernier, lors du Grand Oral RTBF/Le Soir.