Le plan de bataille de De Croo I contre la N-VA, le VB et le PTB: optimisme, solidarité, unité

661 jours après la chute du gouvernement Michel, notre pays dispose à nouveau d’un exécutif au plein pouvoir. À quelques détails près, qui devront être réglés avant demain matin, 10h, lors de la prestation de serment du gouvernement De Croo devant le roi. De cette longue période, le monde politique ressort certainement perdant aux yeux des citoyens. L’opposition se montrera féroce durant la prochaine législature. Les partis de la Vivaldi ne pourront pas se permettre de faux pas.

Le gouvernement De Croo I est un fait. ‘Nous avons joué à pile ou face, et Alexander De Croo a gagné’, a plaisanté Paul Magnette en conférence de presse ce midi. Celui qui était aussi en course restera donc probablement président du PS et bourgmestre de Charleroi. Une concession, un compromis, un équilibre qui ne trouveront une explication qu’au moment de la présentation complète du gouvernement (le PS pourrait obtenir 5 postes).

Quelles sont les prochaines étapes? Chaque parti, selon son règlement interne, organisera un congrès lors duquel ses membres avaliseront l’accord de la Vivaldi (PS, MR, Ecolo, CD&V, Open Vld, Vooruit et Groen). Le gouvernement ira prêter serment chez le roi à 10 heures demain, si tout se passe bien (on n’est jamais à l’abri d’une surprise dans ces négociations). Après quoi, il y aura la déclaration de gouvernement devant les députés, installés dans l’hémicycle européen, mesures coronavirus obligent. S’en suivront les débats vendredi, et le vote de confiance le samedi.

La solidarité face à la division

Le gouvernement De Croo I fera face à une rude opposition de la part de la N-VA, du VB et du PTB. En conférence de presse, Alexander De Croo et Paul Magnette ont déjà donné quelques indices sur la manière dont le gouvernement fonctionnera: à la division, ils répondront par l’optimisme, le progrès et l’unité.

Chaque couleur politique tentera d’apporter sa marque de fabrique: la solidarité pour les socialistes, un monde durable pour les Verts, et une rigueur budgétaire et des performances économiques pour les libéraux. Le texte de 143 pages de l’accord de gouvernement s’intitule d’ailleurs ‘Pour une Belgique prospère, solidaire et durable’.

L’accord de gouvernement trouve un équilibre entre une ligne dure: investissement dans la justice pour faire appliquer les peines, renforcement de la police et du pouvoir des bourgmestres.

Et une ligne plus douce: de la solidarité envers les plus faibles, une politique humaine quant à l’asile et à la migration, un renouveau politique, des mécanismes de participation citoyenne, et une politique plus éthique.

Il s’agira aussi de sauver la maison Belgique. Alexander De Croo a d’ores et déjà appuyé ce point: ‘Quel beau pays dans lequel nous vivons lorsque nous unissons nos forces. Nous pouvons accomplir plus de choses que jamais, si nous le faisons ensemble (…). Je me rends compte que beaucoup de gens sont sceptiques et veulent d’abord voir pour y croire. Je respecte cela, je les comprends. C’est à nous de travailler dur, de prouver, les pieds sur terre, que nous pouvons diriger.’

L’atmosphère risque d’être particulièrement tendue au nord du pays pour l’Open VLD et le CD&V. Ce gouvernement n’y dispose pas de majorité, les deux plus grands partis ayant été exclus.

Budget et programme

Le contexte budgétaire complique beaucoup de choses: suite à la crise du coronavirus, notre pays doit déjà faire face à un déficit de 33 milliards d’euros cette année, et 24 milliards l’année prochaine.

3,2 milliards ont été accordés pour de nouvelles politiques publiques. C’est peu. Au niveau des nouvelles recettes, il n’y aura (pour l’heure) que deux nouvelles taxes: une taxe sur les grands acteurs du numérique et une taxe sur les multinationales qui devront payer un impôt minimum. Deux points qui sont également sur la table de l’OCDE et la Commission européenne. Difficile pour l’heure de savoir combien ces deux taxes vont rapporter. Personne ne le sait vraiment.

À ces 3,2 milliards, sera ajoutée une enveloppe de 2,3 milliards pour relever les pensions les plus basses (1.500 euros nets) et augmenter le salaire minimum. 1 autre milliard pour digitaliser le secteur public et le rail. 1,2 milliard pour le secteur des soins de santé et enfin 900 millions pour la sécurité, la police et la justice, avec un petit extra pour l’armée.

  • Toutes les nouvelles voitures de société devront être neutre en carbone d’ici 2026 (ce qui signifie la fin des voitures à essence et diesel), ‘À condition qu’il y ait suffisamment de voitures abordables sur le marché’, stipule l’accord.
  • Les décisions éthiques comme la dépénalisation totale de l’avortement et sa prolongation devront intervenir au Parlement. Le gouvernement ne pourra prendre d’initiative seul, il visera à chercher le consensus.
  • D’autres plus petites mesures viennent compléter l’accord comme le renforcement du congé parental, des services de garde moins chers, ou encore l’interdiction d’enfermer des enfants en matière de politique d’asile.
  • Une étude a été lancée pour évaluer le permis à point.
  • Enfin, comme prévu, deux ministres prépareront la prochaine réforme de l’Etat.

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