Le pays le plus riche d’Europe n’a ni gare ni aéroport

Saccagé par deux guerres mondiales, le Liechtenstein, minuscule pays européen, a passé une grande partie de la moitié du 20ème siècle à court d’argent. En tant qu’économie principalement basé sur l’agriculture, ce pays avait du mal à s’en sortir. Sa famille princière a même été obligée dans les années 60 à vendre les peintures de ses Vieux Maîtres aux enchères.

Le Liechtenstein a célébré la semaine dernière la 300ème anniversaire de la création de la principauté. Aujourd’hui, ce pays est en plein essor. Le Liechtenstein est le pays le plus riche par habitant du monde. Le taux d’imposition des sociétés y est de 12,5%, le plus bas du continent. Par ailleurs, des règles d’incorporation libres ont entraîné la création de nombreuses sociétés holding dans sa capitale, Vaduz.

Enfant de la mondialisation

Le Liechtenstein fait face à des obstacles importants sur le plan du commerce. Il s’agit d’un pays enclavé sans littoral et qui est plus est, éloigné de tout port océanique. Malgré cela, le Liechtenstein est un enfant de la mondialisation.

L’ancien Premier ministre Klaus Tschütscher a décrit cette réalité dans une brochure du gouvernement faisant la promotion de l’accueil des nouveaux migrants. « Il s’agit d’une réalité opérationnelle quotidienne. Nous devons interagir avec d’autres pays, y compris les cultures étrangères. Nos entreprises dépendant la main-d’oeuvre étrangère dans un large éventail de secteurs.  Cette interaction n’est possible que parce que, malgré la taille réduite de notre pays, nous avons gardé les yeux ouverts sur le monde extérieur. »

Le pays compte 40.000 habitants dont un tiers sont des étrangers. Le Liechtenstein est en outre membre de l’Association européenne de libre-échange. Il fait également partie de l’espace Schengen et de l’Espace économique européen.

Pour passer de la pénurie à la prospérité, il a fallu plus d’un siècle. Indépendant du Saint-Empire romain germanique, cet Etat s’est ensuite affilié à l’empire austro-hongrois. Après la Première guerre mondiale et la dissolution de l’empire, le pays s’est retrouvé au bord de la faillite. En effet, suite à l’effondrement du système monétaire autrichien, son principal marché d’exportation s’évaporait. Enfin, le pays a participé à une union douanière monétaire avec la Suise en 1924. Cette union lui a permis de devenir un Etat moderne, industriel et tertiaire.

Taxes faibles

Pour se vendre, le pays a utilisé ses faibles taxes. En 1955, le Liechtenstein se décrivait comme un pays où les citoyens habitent pratiquement en franchise d’impôt. Une liberté identique prévaut pour les sociétés étrangères. Celles qui ont leur siège dans le pays peuvent profiter de taxes minimes.

Cependant, cette évolution n’a pas eu lieu aussi rapidement que l’auraient voulu les dirigeants du pays. Dans les années 60, alors que l’économie se portait mal, la famille princière a dû vendre les peintures de ses Vieux Maîtres aux enchères.

Dans les années 70, l’économie du Liechtenstein a progressé. Il s’agit maintenant d’une économie prospère, fortement industrialisée et libre, dotée d’un secteur des services financiers vital, indique le CIA World Factbook.

Manque de transparence

Récemment, le Liechtenstein a été l’objet de pressions internationales. La raison ? Le manque de transparence de ses systèmes bancaire et fiscal. Le Liechtenstein a figuré au sein d’une liste noire des pays de l’UE qui ne coopère pas aux enquêtes fiscales. Jusqu’en 2009, le pays a frustré les autorités fiscales allemandes et américaines en faisant la distinction entre évasion et fraude fiscale. Le pays refusait de fournir des données fiscales à d’autres pays, sauf en cas de fraude fiscale pure et simple. Un sous-comité du sénat américain a même accusé LGT Bank Liechtenstein, appartenant à la famille royale, d’aider et encourager les clients qui cherchent à se soustraire à l’impôt, à éviter les créanciers ou à défier les décisions des tribunaux.

Cette principauté vit toutefois dans une somnolence d’un autre monde, explique le magazine Quartz. Les résidents sont découragés de tondre la pelouse ou d’organiser des fêtes bruyantes pendant les périodes de calme général. Cette mesure vaut pour la pause déjeuner de midi à 13h30. Les habitants profitent également d’une semaine de vacances sportives imposée par l’Etat. Il n’y a ni d’aéroport ni réseau ferroviaire. Ses résidents n’ont accès qu’à un système de bus pour aller travailler.

Sa politique est également passéiste sur certains aspects. Jusqu’en 1984, le pays n’accordait pas le droit de vote aux femmes. Deux princes sont au pouvoir – le chef de l’Etat, Hans Adam II, et son fils, Alois. Depuis 2003, ils ont le droit de veto des décisions parlementaires. Ils peuvent nommer des juges et limoger le gouvernement.

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