Le patron de Gazprom estime que l’Europe risque de « geler » malgré des stocks de gaz bien remplis

Bien que les réserves de gaz de l’Europe soient remplies à environ 91%, cela pourrait ne pas suffire. C’est du moins l’avis d’Alexeï Miller, le patron de la compagnie énergétique publique russe Gazprom.

« L’hiver peut être relativement chaud, mais pendant une semaine ou même cinq jours, il fera anormalement froid et il est possible, Dieu nous en préserve, que des villes et des pays entiers gèlent », a déclaré Alexeï Miller mercredi lors de la Semaine russe de l’énergie à Moscou, un forum auquel participe également Vladimir Poutine.

Le haut responsable de Gazprom a déclaré que l’Europe pourrait manquer de quelque 800 millions de mètres cubes de gaz par jour pendant les périodes critiques cet hiver. Cela représente environ un tiers de la consommation totale selon Miller, qui a cité le travail d’analystes anonymes.

Guerre en Ukraine

Ce déficit serait dû à la réduction des approvisionnements en provenance de Russie. Selon Miller, pendant les périodes critiques de l’hiver, le pays fournissait chaque jour entre 600 millions et 1,7 milliard de mètres cubes par jour. Cependant, depuis le début de la guerre en Ukraine, les approvisionnements en gaz ont progressivement diminué, jusqu’à être quasiment entièrement coupés.

En effet, depuis cet été, les exportations via l’important gazoduc Nord Stream 1 ont été restreintes, puis complètement arrêtées. En septembre, le gazoduc a même été saboté. Poutine a déclaré, lors de la semaine de l’énergie en Russie, que ce sabotage était un « acte de terrorisme » et que l’Occident en était responsable, alors que les pays européens et les États-Unis affirment au contraire que le coupable est la Russie. Le président russe a également prévenu que les infrastructures énergétiques du monde entier étaient en danger.

Avec la réduction des exportations de la Russie vers l’Europe, le Vieux Continent a dû chercher du gaz ailleurs. En outre, pour cet hiver, l’Europe va devoir davantage compter sur les installations souterraines de stockage de gaz. Bien que ces stocks soient aujourd’hui remplis à 91% (et même à 100%, notamment Belgique), Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie, avertissait encore début octobre que ce niveau sera d’à peine 25 à 30 % après l’hiver. L’hiver 2023-2024 sera donc très difficile, selon lui.

Miller prédit un scénario encore plus dramatique. Il a déclaré mercredi que les stocks de gaz pourraient ne pas dépasser 5% en mars. « Il est certain que l’Europe survivra, mais qu’en sera-t-il au moment de l’injection de gaz », a-t-il déclaré, faisant référence au réapprovisionnement pour l’hiver prochain. « Il sera alors clair que la crise énergétique n’est pas éphémère ».

Les prédictions pessimistes de l’homme fort de Gazprom doivent être prises avec du recul. Après tout, Miller est un allié de Poutine depuis des décennies. Dans les années 1990, il a travaillé au comité des relations extérieures de la mairie de Saint-Pétersbourg, dont Poutine était alors le directeur. Depuis, Miller est toujours resté un fidèle au président russe.

(OD)

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