Au Mexique, c’est le candidat anti-establishment, Andres Manuel Lopez Obrador, surnommé AMLO, qui a remporté les élections présidentielles ce dimanche, avec 53,6 % des suffrages. El Necio (Le “têtu”) est ainsi devenu le premier président de gauche du Mexique depuis les années 1930. Beaucoup établissent une analogie avec l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis.
Lopez Obrador est membre du Parti révolutionnaire institutionnel, et il a été maire de Mexico entre 2000 et 2006. Au fil des ans, il a cultivé l’image d’un fonctionnaire modeste, honnête et travailleur. C’est cette image, plutôt que son programme, qui a séduit les Mexicains. Fils de petits commerçants du Tabasco, l’une des régions les plus pauvres du Mexique, AMLO connaît bien le monde ouvrier qui constitue sa base d’électeurs. Son soutien a été le plus fort dans le sud rural pauvre du pays, (une région qu’il promet de revitaliser), et dans le fief de la gauche progressiste de Mexico. Cette tentative était la troisième ; en 2006, il lui avait manqué moins de 1 % des voix pour remporter la présidence, et avait accusé son adversaire de fraude. Il avait de nouveau échoué lors des élections présidentielles suivantes, en 2012.
Un programme populiste et nationaliste
Sa campagne s’est largement appuyée sur son programme populiste, dans lequel il promet de lutter contre les inégalités, avec une éducation gratuite et des emplois garantis pour les jeunes, des retraites plus généreuses pour les personnes âgées et des impôts moins élevés pour les entreprises mexicaines. Ces mesures seraient intégralement financées par la lutte contre la corruption.
Le nouveau président veut en effet libérer le pays de la corruption en “balayant les escaliers de haut en bas”, et mettre fin à l’emprise des élites, qu’il qualifie de “mafia du pouvoir”, sur la société mexicaine. De même, il propose d’appliquer une forme de protectionnisme qu’il surnomme “Mexicanisme”. Ces positions anti-establishment et nationalistes lui ont d’ailleurs valu d’être souvent comparé au président américain Donald Trump, qui l’a d’ailleurs félicité pour sa victoire.
Un pays marqué par de très fortes inégalités, et par la violence des gangs
Elles n’ont pas manqué de faire mouche dans un pays où 44 % des citoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté, et où la criminalité n’a jamais été aussi forte depuis 20 ans. En 2017, un record de 29.000 personnes ont été tuées au Mexique. Depuis le début de la campagne en septembre dernier, plus de 130 politiciens ont été assassinés, souvent sur ordre des barons des cartels de la drogue, qui souhaitaient les supprimer pour leur substituer leurs poulains, et s’assurer ainsi le contrôle du territoire.
Ses critiques le comparent aussi à Hugo Chavez, et redoutent qu’il transforme le Mexique en un second Venezuela. AMLO a dit qu’il souhaitait intensifier l’interventionnisme de l’État, notamment pour que celui-ci dicte le rôle des acteurs publics et privés dans l’économie. Mais a tout fait pour convaincre les Mexicains qu’il n’a que peu de choses à voir avec le dirigeant vénézuélien autoritaire défunt.
Enfin, même s’il a promis de maintenir l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain, aussi connu sous l’acronyme NAFTA), il a indiqué qu’il nommerait une nouvelle équipe de négociations.
Une grande partie du monde des affaires mexicain et des investisseurs étrangers attendent maintenant les premières décisions du nouveau président avec circonspection.