Le MI5 considère les espions russes et chinois comme une menace aussi importante que les terroristes

Si le terrorisme occupe une bonne partie des services de renseignement occidentaux depuis vingt ans et les attentats du 11 septembre, il faut surveiller de plus en plus près les activités des espions russes et chinois. C’est en tout cas l’avertissement lancé par le MI5 ce mercredi.

Dans un discours prononcé ce mercredi, Ken McCalum, le directeur général du MI5 (le  service de renseignement responsable de la sécurité intérieure du Royaume-Uni) a invité les citoyens britanniques à faire preuve d’une vigilance accrue envers les menaces venant des « États hostiles ». À savoir principalement la Russie et la Chine, et leurs espions.

Le patron du MI5 a même exhorté les Britanniques à prendre cette menace avec le même sérieux que celui affiché face au terrorisme. Il s’agit de « menaces moins visibles… [qui] ont le potentiel de nous affecter tous », a-t-il mis en garde.

De l’espionnage traditionnel remis au goût du jour…

Dans son discours, M. McCalum a listé tous les dangers liés aux activités de la Russie et de la Chine au Royaume-Uni. D’après lui, les conséquences de ces agissements peuvent aller « de la frustration et du désagrément à la perte de moyens de subsistance, voire à la perte de vies humaines ».

Parmi les différentes menaces répertoriées par le MI5, il y a l’espionnage « traditionnel », dont les techniques ont été modernisées. Elles permettent de voler de données commercialement sensibles relatives à la propriété intellectuelle, donnant à la Russie et à la Chine l’occasion de dérober des technologies britanniques.

Ainsi, les espions des deux pays utiliseraient notamment des plateformes telles que LinkedIn. Ils y créeraient de faux profils pour demander à certaines personnes de leur transmettre des informations sensibles. « [En cinq ans], nous avons vu plus de 10.000 approches déguisées d’espions étrangers vers des personnes ordinaires au Royaume-Uni, cherchant à les manipuler », a expliqué M. McCallum.

Et les victimes potentielles sont plus nombreuses qu’on le croit. Certaines ne sont peut-être même pas conscientes d’être des cibles.

« Les victimes britanniques de l’espionnage d’État ne se limitent pas au gouvernement. Nous voyons les brillantes universités et les chercheurs britanniques se faire voler ou copier leurs découvertes ; nous voyons des entreprises vidées de leur substance par la perte de l’avantage qu’elles ont laborieusement construit. […] S’ils en ont la possibilité, des acteurs hostiles court-circuitent des années de recherche ou d’investissements britanniques patients. Cela se produit à grande échelle. Et cela nous affecte tous. Les emplois britanniques, les services publics britanniques, l’avenir du Royaume-Uni », a prévenu le chef du MI5.

…aux cyberattaques et à l’ingérence politique

Les services de renseignement britannique s’inquiètent aussi de la multiplication des cyberattaques, qui peuvent « semer la discorde » voire mener à des « attaques contre des infrastructures« .

Depuis plusieurs mois, de telles attaques dans des pays occidentaux ont mis à mal des infrascturures de distribution d’eau et l’électricité. Des systèmes de soins de santé ont également été pris pour cible. Ces différentes opérations, souvent attribuées à des pirates russes ou chinois – bien que les deux pays démentent ces accusations – ont mené à des décès.

De plus, le MI5 tient à conscientiser les habitants du Royaume-Uni face aux campagnes de désinformation menées par ces Etats hostiles. Le Royaume-Uni soupçonne notamment des tentatives de discréditer le vaccin conçu conjointement par AstraZeneca et l’université d’Oxford. Il a aussi accusé la Russie d’avoir essayé d’influencer les élections générales britanniques de 2019.

Après avoir émis toutes ces recommandations, M. McCallum a conclu son discours sur une note un peu moins pessimiste. Il a dit aux Britanniques qu’ils ne doivent pas être « effrayés » par ces menaces, mais bien « conscientisés ».

« Nous devons, au fil du temps, sensibiliser le public aux menaces étatiques et le rendre aussi résilient que nous l’avons fait au fil des ans pour le terrorisme », a-t-il ajouté, en guise de déclaration-choc.

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