Le Danemark va renvoyer les demandeurs d’asile en dehors de l’Europe: ‘Irresponsable et peu solidaire’

Ayant déjà une politique migratoire très stricte, le Danemark a décidé de la durcir davantage. Adoptée ce jeudi, une nouvelle loi risque de fragmenter encore un peu plus la politique de l’Union européenne en la matière.

Ce jeudi, le Danemark a adopté une loi lui permettant de traiter les demandes d’asile en dehors de l’Europe. Concrètement, cela signifie que la nation scandinave va pouvoir transférer les réfugiés arrivant sur son sol vers des centres d’asile dans des pays dits ‘partenaires’, afin que leur dossier soit examiné là-bas et qu’ils puissent éventuellement y obtenir une protection.

Une mesure qui a pour objectif de dissuader les demandeurs d’asile de tenter leur chance au Danemark.

‘Si vous demandez l’asile au Danemark, vous savez que vous serez renvoyé dans un pays hors d’Europe, et nous espérons donc que les gens cesseront de demander l’asile au Danemark’, a déclaré Rasmus Stoklund, le porte-parole du parti social-démocrate, chargé de l’immigration au gouvernement, au média public DR.

Les pays de l’UE avaient discuté de la mise en place de tels centres externes entre 2016 et 2018. Mais les préoccupations juridiques, humanitaires, politiques, sécuritaires et financières ont provoqué l’abandon de cette idée. Le Royaume-Uni a également exploré cette piste, en songeant à construire un centre de traitement des demandes d’asile sur l’île de l’Ascension, mais le projet n’a lui non plus pas été jusqu’à son terme.

Quels partenaires?

Actuellement, il n’y a pas encore eu d’accord sur l’identité des pays partenaires. Les négociations sont en cours. Le Danemark aidera ses alliés à gérer des camps et financera des agences le long des routes migratoires.

Le Rwanda fait notamment partie des candidats les plus crédibles.

Le ministre danois de l’immigration, Mattias Tesfaye, dont le père était un immigrant éthiopien, s’est déjà rendu au Rwanda au mois d’avril. Une visite qui a abouti à la signature d’accords diplomatiques sur l’asile et les questions politiques.

Le Danemark, ainsi que l’Autriche, s’étaient également déjà engagés à soutenir un camp de réfugiés géré par les Nations unies au Rwanda, mis en place pour accueillir les réfugiés bloqués en Libye.

Inquiétudes

La décision du Danemark constitue un énième coup dur dans la volonté de l’UE d’adopter une politique migratoire moins fragmentée. La Commission européenne a notamment mis en doute la compatibilité de la loi avec les obligations internationales du Danemark.

‘Le traitement externe des demandes d’asile soulève des questions fondamentales concernant à la fois l’accès aux procédures d’asile et l’accès effectif à la protection’, a déclaré Adalbert Jahnz, porte-parole de la Commission. ‘Ce n’est pas possible en vertu des règles existantes de l’UE ou des propositions du nouveau pacte pour la migration et l’asile’.

Les ONG de défense des réfugiés craignent que cette politique ne mettent ceux-ci en danger.

‘L’idée d’externaliser la responsabilité du traitement des demandes d’asile des demandeurs d’asile est à la fois irresponsable et peu solidaire’, a dénoncé Charlotte Slente, secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiés, auprès de Reuters.

‘De telles pratiques portent atteinte aux droits des personnes en quête de sécurité et de protection, les diabolisent et les punissent et peuvent mettre leur vie en danger’, a de son côté réagi Gillian Triggs, haut-commissaire adjoint de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés.

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