Le Covid-19 pousse-t-il l’UE dans les bras de la Chine ?

36% des Allemands voient la Chine comme leur partenaire stratégique le plus important. C’est une augmentation de 12% par rapport à septembre, selon la dernière enquête de Pew Research, en collaboration avec la Körber Stiftung allemande. Contre 37% pour les États-Unis. Mais en septembre, c’était encore 50%.

Le sondage montre que les Allemands de 18 à 34 ans ont aujourd’hui tendance à se rendre plus facilement en Chine. C’est particulièrement le cas pour l’ancienne Allemagne de l’Est.

La crise de Covid-19 a généré un grand sentiment pro-chinois en Europe. Ironiquement, c’est le pays qui a propagé le virus vers le reste du monde, mais l’Empire du Milieu est maintenant considéré de façon plus positive que les États-Unis.

Le sentiment anti-UE en Italie

La Chine n’a pas manqué cette occasion d’augmenter son influence en Europe. La manière dont le pays s’est manifesté au plus fort de la crise en Italie en est le meilleur exemple. Et cela devrait se poursuivre dans les années à venir.

Sans doute plus inquiétant, c’est l’augmentation du sentiment anti-européen en Italie. Une série de sondages réalisés en avril montrent que 40 à 50% des Italiens remettent en question l’utilité de l’adhésion à l’UE. Dans un autre sondage, 59% des personnes interrogées ont déclaré que l’UE était ‘inutile’. La plupart des Italiens appelaient la Chine ‘un ami’, tandis que près de la moitié qualifiaient l’Allemagne ‘d’ennemi’.

Le fonds européen de relance annoncé lundi par le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel sera sans aucun doute reçu à Rome comme un pas dans la bonne direction. La question est de savoir si l’Autriche, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas sont prêts à rejoindre une telle construction. Une nécessité, si l’UE veut freiner l’influence chinoise et se montrer unifiée.

Nouvelle guerre froide?

Le sondage peut également être lu comme un vote de défiance envers le président Trump. Il n’est pas très populaire dans l’UE, ce n’est pas neuf. La pandémie a clairement redéfini un ordre mondial chahuté. Le résultat est une nouvelle guerre froide entre la Chine et les États-Unis. Avec l’Europe prise entre les deux.

Trump mise sur un programme anti-chinois pour augmenter ses chances aux élections de novembre prochain. Comme on a pu le voir encore cette semaine avec sa lettre adressée à l’OMS, qui était une attaque non-dissimulée contre la Chine. Cela devrait distraire les Américains des problèmes intérieurs.

Les États-Unis voudraient garder l’UE dans leur camp, mais le président américain ne montre pas beaucoup de bonne volonté. L’Europe tentera de rester neutre, mais les investissements chinois en Europe sur la 5G et son initiative pour la Nouvelle route de la soie ne faciliteront pas les choses.

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