Le coronavirus a déjà muté des milliers de fois… De quoi mettre en danger un vaccin?

Des milliers de mutations du nouveau coronavirus ont déjà été observées par les scientifiques depuis le début de la pandémie. Mais ces derniers ne connaissent pas encore l’impact que cela pourrait avoir sur la propagation future du virus ou sur la mise au point d’un vaccin efficace.

C’est dans la nature des virus de muter. Certains, comme celui de la grippe, le font très rapidement, à tel point que le vaccin doit être corrigé chaque année pour garantir son efficacité. D’autres mutent plus lentement.

‘Les mutations en elles-mêmes ne sont pas une mauvaise chose, et rien ne suggère que le SRAS-CoV-2 mute plus vite ou plus lentement que prévu’, explique le professeur François Balloux, de l’University College London (UCL), à la BBC. Une étude qu’il a récemment cosignée est parvenue a identifié 198 mutations récurrentes du virus, mais ‘jusqu’à présent, nous ne pouvons pas dire si le SRAS-CoV-2 devient plus ou moins mortel et contagieux.’

Spikes

Des recherches préliminaires menées aux États-Unis suggèrent pourtant qu’une mutation particulière, appelée D614G, semble être rapidement devenue dominante et qu’elle pourrait avoir rendu la maladie plus infectieuse. La mutation en question concerne les ‘pics’ (spikes) caractéristiques du SRAS-CoV-2 et semble donc la faire croître plus rapidement. Soulignons bien que cette étude n’a pas encore bénéficié d’une évaluation par les paires et qu’elle n’a par conséquent pas été officiellement publiée.

Ces chercheurs américains pensent que cette variante aurait commencé à se répandre en Europe dès le mois de février 2020 et qu’elle aurait rapidement pris le dessus avant de gagner la côte Est des États-Unis.

‘Lorsque [cette nouvelle souche] est introduite dans une région, elle devient rapidement la forme dominante’, affirme l’auteure principale de l’étude, Bette Korber, dont les propos sont repris par le site Futura Sciences. ‘La fréquence à laquelle cette mutation se propage est alarmante.’

Par ailleurs, cette équipe de chercheurs du Laboratoire national de Los Alamos (Nouveau-Mexique) a également analysé des données provenant de patients britanniques. S’ils ont constaté que les personnes infectées par la mutation semblaient présenter une plus grande quantité du virus dans leurs échantillons, ils n’ont trouvé aucune preuve indiquant que ces patients avaient été plus gravement malades que les autres.

Un vaccin en danger?

Suivre à la trace les mutations d’un virus revêt une importance capitale lorsqu’il s’agit de mettre au point un vaccin, comme c’est le cas annuellement pour la grippe.

Dans le cas du SRAS-CoV-2, bon nombre de vaccins en cours de développement se concentrent sur les ‘pics’ du virus. Mais qu’adviendrait-il si une mutation très importante de ces ‘spikes’ venait à se produire et que cette variante du virus devenait dominante?

Les scientifiques ne disposent pas pour le moment de suffisamment de données sur les mutations du virus et leurs implications pour déterminer si une telle éventualité est probable. Mais il semble acquis que la mise au point d’un vaccin efficace passera nécessairement par un monitoring précis de l’évolution du virus.

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