Le Bel 20 connait la plus forte chute de son histoire, la Fed emploie les grands moyens

Les mesures annoncées par la Banque centrale européenne (BCE), en réponse à la pandémie de Covid-19, n’ont pas rassuré les marchés boursiers, et accentuaient leurs pertes déjà colossales.

La Bourse de Bruxelles a connu jeudi l’une des pages les plus sombres de son histoire, alors que la pandémie de Covid-19 n’en finit pas de gripper l’économie mondiale et de tétaniser les investisseurs. Son indice vedette, le Bel 20, créé en 1991, a connu la plus forte chute en une seule séance de son histoire, avec une dégringolade de 14,21%, à 2.701,00 points.

Lundi, l’indice boursier avait déjà chuté de 7,58%. Par rapport au 17 février dernier, le Bel 20 a perdu plus de 35%, ce qui représente des dizaines de milliards d’euros de capitalisation boursière partis en fumée.

Les mesures annoncées par la BCE jeudi, qui n’a pas baissé ses taux, contrairement aux attentes, ont enfoncé encore plus les Bourses qui avaient déjà commencé la séance groggy, après l’interdiction pendant 30 jours par l’administration Trump des vols passagers en provenance de l’Europe à destination des Etats-Unis.

Panique à Wall Street

Les échanges ont été suspendus à la Bourse de New York peu après l’ouverture après la chute de 7% du S&P 500 en pleine panique autour de la pandémie de coronavirus.

L’effondrement du S&P 500 a automatiquement déclenché un mécanisme d’interruption des échanges d’un quart d’heure, permettant au marché et aux investisseurs de reprendre leurs esprits. C’est la deuxième fois cette semaine, après lundi, que ce mécanisme est utilisé. Si l’indice qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street abandonnait 13%, un deuxième arrêt de la même durée aurait lieu.

Au moment de la suspension, le Dow Jones s’effondrait de 7,20%, le Nasdaq, à forte coloration technologique, de 7,03% et le S&P 500 de 5,80%. Le Dow Jones n’en a pas moins plongé à la reprise de l’activité, lâchant plus de 7% vers 13h55 GMT (14h55, à Bruxelles).

Débâcles historiques

Des débâcles historiques à Paris, Londres, Francfort, Bruxelles; Wall Street qui sombre et se reprend légèrement: les marchés ont cédé une nouvelle fois à la panique jeudi, ayant visiblement perdu l’espoir d’une réponse économique efficace à la pandémie.

L’une après l’autre, les places européennes ont affiché des chutes historiques: pire séance de l’histoire du CAC 40 à Paris (-12,28%), Francfort au plus mal depuis la Réunification (-12,24%), Londres qui n’avait jamais dévissé à ce point depuis octobre 1987. A Milan aussi, pire baisse jamais enregistrée: 16,92%. Madrid a lâché plus de 14%.

En données cumulées, la violence de la correction boursière apparaît encore mieux: les grandes places européennes ont perdu 30% ou plus depuis le début de l’année.

A Wall Street, vers 17H10 GMT, le Dow Jones était en recul de 4,71%, après avoir chuté de plus de 9% en séance. Une remontée consécutive à la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) d’injecter 1.500 milliards de dollars supplémentaires cette semaine sur le marché monétaire.

L’indice le plus célèbre du monde a perdu 22% de sa valeur depuis janvier. En début de séance, la panique était telle que les échanges ont été suspendus pendant 15 minutes peu après l’ouverture.

En Amérique latine, curée également, à Buenos Aires comme à Sao Paulo. Les marchés ne croient visiblement plus à une réponse économique et financière efficace face à une pandémie qui ferme les frontières, les usines, les écoles, mettant un coup de frein jamais vu à l’économie mondialisée.

Les annonces de relance en ordre dispersé des gouvernements et des banques centrales, sans véritable coordination, n’arrangent rien, pas plus que les décisions de confinement qui se succèdent.

La BCE déçoit

Attendue au tournant, la Banque centrale européenne a annoncé qu’elle maintenait ses taux directeurs inchangés, alors que ses homologues américaine et britannique ont toutes deux opté quelques jours plus tôt pour des baisses.

Le fait que la BCE n’ait pas fait de même ‘en dit long sur le manque de coordination entre les Etats-Unis et l’Union européenne’, commente dans une note Sébastien Galy de Nordea Investment.

L’institution a toutefois lancé jeudi un programme de prêts pour soutenir les PME les plus touchées par l’épidémie de coronavirus, et compte acheter 120 milliards d’euros de dette publique et privée supplémentaire d’ici la fin de l’année. Pas de quoi rassurer les investisseurs.

‘Vendez, vendez, vendez’

La réaction a été tout aussi brutale sur le marché de la dette. Les investisseurs se détournant des actifs risqués, le taux à 10 ans italien remontait en flèche, tandis que son pendant allemand, le ‘Bund’, considéré comme une valeur refuge, s’enfonçait.

La journée avait déjà très mal démarré, les investisseurs redoublant d’inquiétude après la décision de Donald Trump de suspendre pour 30 jours l’entrée des Européens aux Etats-Unis en raison du coronavirus.

‘Vendez, vendez, vendez’: l’analyste d’AxiCorp Stephen Innes avait résumé en tout début de journée l’état d’esprit dans les salles de marché. Avant même ce jeudi noir, Howard Silverblatt, Senior Index Analyst chez S&P Dow Jones Indices, avait estimé que 11.300 milliards de dollars de capitalisation boursière étaient déjà partis en fumée dans le monde.

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