La décision de Lagarde envoie une onde de choc sur les marchés financiers

‘Il ne nous appartient pas de réduire les écarts de taux d’intérêt entre les pays de la zone euro’, a déclaré Christine Lagarde, la plus haute responsable de la Banque centrale européenne. La déclaration a immédiatement soulevé des doutes sur le papier du gouvernement italien.

L’écart entre les obligations d’État italiennes et allemandes hautement sécurisées a fortement augmenté après la décision de Lagarde, ce qui indique une méfiance croissante des investisseurs à l’égard de l’Italie. Les marchés ont interprété cette décision comme un signal que la BCE n’interviendrait pas si les taux d’intérêt italiens devaient augmenter.

Les économistes et les analystes ont réagi avec étonnement. ‘Comment peut-elle dire une telle chose? La BCE ne devrait jamais rien dire de tel. Les risques d’une crise de la zone euro suite à la crise du coronavirus ont été fortement augmentés’, a répondu Guntram Wolff du think tank Bruegel sur Twitter. D’autres experts, comme le célèbre économiste italien Nouriel Roubini, ont également réagi vivement.

Pas de réduction des taux d’intérêt

La Banque centrale européenne a annoncé plus tôt dans la journée qu’elle ne baisserait pas ses taux d’intérêt. Toutefois, elle proposera des mesures pour soutenir les banques et maintenir le niveau des prêts.

Des mesures seront ainsi prises pour ‘fournir un soutien immédiat en matière de liquidités au système financier de la zone euro’. Les exigences de fonds propres des banques seront également assouplies. La BCE souligne qu’elle ne voit aucun signe de pénurie de liquidités dans le système bancaire, mais qu’elle aidera les banques à constituer des tampons supplémentaires à titre de précaution.

120 milliards d’euros

La BCE va également injecter de l’argent supplémentaire dans l’économie en augmentant son programme mensuel de rachat d’obligations de 120 milliards d’euros jusqu’à la fin de l’année. L’expansion est beaucoup plus importante que prévu. ‘Cette mesure soutiendra des conditions de financement favorables pour l’économie réelle en période d’incertitude accrue’, déclare la BCE.

Soutien aux PME

Les banques pourront également prêter de l’argent à moindre coût aux PME. Comme prévu, cette opération sera organisée par l’intermédiaire du TLTRO, qui signifie ‘targeted longer-term refinancing operations’ (opérations de refinancement à long terme ciblées). La BCE accorde des prêts à long terme aux banques à des conditions favorables, à condition que ces banques maintiennent leurs prêts aux PME. Cela devrait contribuer à atténuer les problèmes financiers les plus urgents auxquels les PME sont confrontées en raison de la crise du coronavirus.

L’objectif : protéger le flux financier

Ces mesures ont un objectif commun clair: empêcher qu’une perte de confiance quelque part dans la chaîne financière ne conduise à un infarctus à l’échelle du système, comme ce fut le cas lors de la crise bancaire de 2008.

Les banques centrales des États-Unis et du Royaume-Uni, entre autres, avaient déjà pris des mesures pour atténuer les dommages économiques causés par le coronavirus. Ils ont baissé leurs taux d’intérêt directeurs. La BCE dispose d’une marge de manœuvre réduite à cet égard, car les taux d’intérêt officiels des pays de la zone euro sont déjà à des niveaux historiquement bas.

Appel à la politique

Dans son exposé des motifs, Lagarde a plaidé en faveur d’une ‘politique fiscale ambitieuse et coordonnée’. Selon elle, c’est aux gouvernements européens de prendre des mesures d’incitation. Les économies de la zone euro sont confrontées à un choc sévère.

La BCE signale depuis un certain temps que son arsenal d’armes s’épuise progressivement et que les mesures anti-crise devront venir principalement des gouvernements.

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